Titre : Nestor Burma contre C.Q.F.D.
Scénariste – Dessinateur : Emmanuel Moynot
Coloriste : Chantal Quillec
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2016
Prix : 15€
Nestor Burma est de retour du Stalag depuis peu et tente de remettre sur les rails l’agence Fiat Lux dans un Paris sous l’occupation allemande. Nous sommes le mardi 17 mars 1942 à Vanves où il achète du « gris » au noir après quarante-huit heures sans tabac. Ayant banqué sans renauder, il décide de marcher pour fumer une pipe tranquillement. Il baguenaude et atterrit dans la rue Desnouettes devant la vitrine d’un libraire qui possède quelques ouvrages intéressants. C’est alors que le privé croise une femme qui sort d’un immeuble situé juste à côté. Il tombe immédiatement sous le charme de cette belle rousse qui dégage une aura assez mystérieuse. Il fait alors quelque chose qui n’est pas du tout dans ses habitudes, il la suit. Mais loin d’être dupe, elle le sème. Nestor Burma, assez vexé, retourne sur ses pas pour essayer de savoir ce qu’elle faisait avant qu’il ne la voit. Hasard des choses ou pas, il tombe sur l’inspecteur Faroux et un macchabée. De fils en aiguille, il se retrouve sur la piste d’un butin disparu après l’attaque d’un train d’or en 1938. Et la rouquine dans tout ça ?
Nestor Burma contre C.Q.F.D. est le deuxième roman de Léo Malet mettant en scène le privé qui met le mystère K.O.. Un ouvrage paru en 1945 qui situe l’action en 1942 dans un Paris aux mains de l’occupant nazi. Après deux albums de Nicolas Barral (Boulevard… ossements et Micmac moche au Boul’ Mich), Emmanuel Moynot (L’Original) revient aux commandes de cette série, que Jacques Tardi lui avait confiée en 2005, pour en réaliser l’adaptation dans une veine graphique répondant parfaitement à la charte graphique originelle. Dans ce nouvel opus où l’auteur apporte bien sûr sa touche personnelle au dessin, toutes les tensions sont on ne peut mieux retranscrites. Que ce soient celles inhérentes à l’ambiance lourde du Paris occupé ou bien celles de l’enquête policière, sans oublier l’intrigue sentimentale avec la belle rouquine. C’est comme si vous étiez aux côtés de ce héros taciturne pour participer à son investigation, baignés dans les effluves de son tabac acheté à prix d’or. Et puis il y a toutes ces « gueules » ! Ces personnages qu’ils soient secondaires ou pas et qui ont tous leur importance avec leurs dialogues aux textes si jouissifs. Pas de doute, ce nouveau Nestor Burma est un excellent cru – à la robe très sombre – servi sans modération par Emmanuel Moynot ! Saluons également le travail de Chantal Quillec (Suite française) qui immerge un peu plus le lecteur dans le récit avec une palette chromatique aux teintes bien senties.
Un polar noir version BD de haut vol à la hauteur du roman éponyme.
Stéphane Girardot
Réagissez !
Pas de réponses à “Nestor Burma #10”