Titre : Ne m’oublie pas
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Alix Garin
Éditeur : Le Lombard
Parution : Janvier 2021
Prix : 22,50€
Clémence et sa mère Valérie sont à la maison de retraite où Marie-Louise a été ramenée après une troisième fugue. La grand-mère de Clémence est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Persuadée que ses parents, depuis longtemps décédés, l’attendent à la maison, elle n’a qu’une idée en tête : s’échapper et les retrouver pour effacer leur inquiétude ! Pour la protéger, le staff médical doit aller au-delà du cadre qui a été mis en place et propose une sorte de camisole chimique. Si Valérie semble résignée, Clémence accepte très mal la chose. Lors de sa visite le lendemain, la jeune fille enlève sa grand-mère et l’embarque dans un road trip dont la destination finale visée est le lieu où elle souhaite se rendre à chacune de ses escapades : sa maison d’enfance à Avennes. Malheureusement, l’issue de ce long et drôle de voyage ne sera pas la même pour Mamycha et sa petite-fille. Rattrapée par la police, Clémence doit désormais justifier ses actes lors d’un interrogatoire.
Ne m’oublie pas est une très belle surprise. Le genre de lecture qui cueille et bouleverse sans qu’on ne la voit venir. Alix Garin a mis deux années à réaliser cet album en parallèle de ses activités pour l’agence Cartoonbase. Une première bande dessinée, un roman graphique de 216 planches, d’une maturité incroyable tant au niveau scénaristique que graphique. La lauréate du prix Jeunes Talents de Quai des Bulles 2017 y livre une histoire très personnelle, traitée avec beaucoup de respect, où il est question de cette terrible maladie qu’est celle d’Alzheimer, sans tomber dans le pathos. C’est intime, touchant, émouvant et par moment, l’auteure nous fait bien rire. Car il faut avouer qu’il y a quelques situations drôles dans ce road trip comme à l’hôtel ou encore, juste après, dans le bar du village où Clémence et sa grand-mère s’arrêtent un instant. L’ensemble est écrit avec beaucoup de tendresse et ainsi, Alix Garin fait passer beaucoup de messages. Le désarroi créé par la maladie chez le patient, les doutes et questions chez les proches qui veulent aider, les projections personnelles, la nostalgie des souvenirs… Mis à part quelques rares incursions masculines, les femmes tiennent le haut de l’affiche dans cette histoire. Et ce sont des femmes fortes à travers lesquelles des idées fortes émergent : les mères célibataires, l’homosexualité, les liens intergénérationnels. L’ensemble est magnifiquement porté par un trait aux courbes douces qui va à l’essentiel, des décors parfois minimalistes, une mise en couleurs aux teintes pastel et des flashbacks judicieusement représentés. Un style qui vous fera certainement penser à un certain Bastien Vivès. Pour conclure, la métaphore graphique de la maison d’enfance qui s’effondre ne vous laissera pas de marbre.
Alix Garin fait très fort pour sa première œuvre et livre un récit dont la portée émotionnelle est forte. À découvrir et à partager.
Stéphane Girardot
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