
© 2020 Kennes Editions
Titre : La Mort à lunettes
Scénariste : Tome
Dessinateur : Gérard Goffaux
Coloriste : Redj
Éditeur : Kennes
Parution : Octobre 2020
Prix : 17,95€
Bien malgré lui, Malek Brown a le profil type pour devenir un héros au sein de l’armée américaine. Malgré son casier, le fait qu’il soir noir et converti à l’Islam en fait le candidat idéal à la campagne « Bishop Ebony ». D’abord réticent, puis convaincu par un appel venu de son passé, Malek accepte finalement de s’enrôler. Sa seule condition est de rejoindre Las Vegas par la route, l’occasion d’un périple à travers le pays en compagnie d’un vieux voisin avec qui il a sympathisé depuis peu. Ensemble, les deux hommes solitaires vont s’unir et affronter leur destin…
« Et donc, vous allez à Vegas pour devenir un héros… pour que d’autres jeunes gens comme vous suivent votre exemple.
– Avant d’y arriver, si cette charrette ne nous tue pas, nous nous arrêterons pour régler quelques affaires… »
Conçu à son origine comme une suite à l’album Sur la route de Selma, comme Gérard Goffaux le révèle dans le passionnant et émouvant dossier en fin de volume, La Mort à lunettes s’en est éloigné, non sans garder une parenté évidente à travers le personnage de Malek. Pour autant, cela reste une aventure indépendante, devenue hélas une œuvre posthume de son scénariste, tragiquement disparu avant sa parution. Il serait tentant d’y voir plus qu’une simple bande dessinée, mais l’histoire, assez convenue, parfois déroutante, use de certaines grosses ficelles qui empêchent d’en faire un incontournable. Si la narration, volontairement et habilement alambiquée, se marie parfaitement bien au trait impeccable du dessinateur – associé à la première version de ce qui deviendra plus tard Berceuse assassine sous la crayons de Ralph Meyer – le mélange d’un contexte réaliste et de rebondissements un peu absurdes peuvent laisser les lecteurs sur le côté. Ce beau projet peut se montrer oubliable, mais le contexte de sa sortie beaucoup moins.
Une aventure contemporaine malheureusement décevante.
Arnaud Gueury
Réagissez !
Pas de réponses à “Mort à lunettes (La)”