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Né le 1er décembre 1923 à Courtrai, Maurice De Bevere, dit Morris, suit un cours d’animation par correspondance et entre à vingt ans comme encreur au studio bruxellois CBA où il fait la connaissance d’Eddy Paape, André Franquin et Peyo. Parallèlement, il commence à placer des cartoons et des caricatures au Moustique des éditions Dupuis et y introduit Franquin lorsque l’entreprise de dessins animés ferme ses portes. Charles Dupuis leur ouvre un atelier à Bruxelles et les met en contact avec Jijé, chez qui ils s’installeront rapidement, et avec Will, formant à Waterloo la « bande des quatre ». Cette formation fructueuse va les diriger vers la BD et le journal de Spirou pour lequel Morris, passionné de western, crée Lucky Luke en 1946. Il fixe l’univers de son héros en une huitaine de grands épisodes classiques, composés en solo, et accompagne Jijé et Franquin dans leur périple mexicain et américain, choisissant de rester quelques années de plus à New York pour se documenter et réaliser de petits travaux sur place. C’est là qu’il fait la connaissance d’un jeune français, René Goscinny, qu’il choisira comme son premier scénariste. Goscinny va développer l’aspect parodique de la série en évitant habilement les violences traditionnelles du véritable western. Il ressuscite en quelque sorte les Dalton sous la forme de leur cousins et concrétise l’idée d’un chien à l’antithèse de Rintintin, le fameux Rantanplan, « le chien le plus stupide de l’Ouest ». D’origine flamande, systématique et travailleur, Morris va se consacrer exclusivement au développement de sa série vedette. En 1967, après 31 albums chez Dupuis, il rejoint son complice chez Dargaud et y aligne 29 albums jusqu’en 1988. Le décès de Goscinny, en 1977, incite le dessinateur à multiplier les sources de scénario : Vicq, Bob De Groot, Xavier Fauche et Jean Léturgie, Lo Hartog Van Banda, Guy Vidal, Yann, Éric Adam travailleront avec lui le temps d’un ou plusieurs épisodes. En 1991, Lucky Luke devient la vedette des éditions Lucky Productions qui s’allieront en une structure commune avec Dargaud en 1999, Lucky Comics. Comptant parmi les plus gros tirages de la BD française, la série est devenue une véritable entreprise industrielle. Le succès de Morris est exemplaire, à la fois par son talent et par sa ténacité. Il est l’un des rares auteurs à mettre toutes ses forces au service d’un seul personnage depuis plus d’un demi-siècle. Son décès en juillet 2001 marque la fin d’une époque, même si Lucky Luke, comme nombre de grandes vedettes de la BD, vivra d’autres aventures avec de nouvelles équipes de dessinateurs et de scénaristes. © Dupuis