« Ce récit est celui de ma vie antérieure. » Ainsi s’ouvre cet album d’Edith, qui a consulté une magnétiseuse puis est repartie de cette consultation sans avoir réglé son problème mais avec des informations concernant sa vie antérieure… et donc une histoire à raconter. Pour son premier scénario, elle nous conte l’histoire d’Edin, « l’asticot », de sa naissance, au cours de l’hiver 1769, à sa mort, après de nombreux rebondissements, à commencer par la disparition de son père et ses conséquences sur la vie menée par sa mère et sa tante Tilda. C’est alors qu’un certain Oddbergur fait irruption dans leur vie et prend le jeune garçon sous son aile.
« Vous ne craignez pas de vivre ainsi? Deux femmes seules et un mioche, au bout du village? »
Ce titre à rallonge, Edith y tenait ! Au cours de notre interview lors du festival Quai des Bulles 2023, l’autrice nous expliquait que proposer cet album à Clotilde Vu, avec qui elle avait eu l’occasion de travailler chez Soleil, et donc au label Oxymore, était une évidence : « à une seule condition, tu ne changes pas un mot du titre ! ». Guidée par les quelques mots donnés pas sa magnétiseuse et qui ont posé le cadre géographique et temporel mais également la fin de cet album, Edith s’est lancée dans cette expérience narrative et a imaginé la vie plutôt mouvementée de cet Edin (qui s’est donc peut-être réincarné en elle). En résulte un très bel album qui traite de manière originale et touchante le thème du destin auquel on ne cesse de vouloir échapper mais qui finit toujours par nous rattraper. Le délicat dessin à l’encre accompagne à merveille cette histoire aussi drôle que triste et de belles trouvailles (graphiques mais pas seulement) subliment l’ensemble. On ne vous en dit pas plus : le titre (parfait) en dit déjà bien assez !
Un album aussi réussi que son titre est long. Un de nos coups de cœur de l’année.
Chloé Lucidarme
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Une réponse à “Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux”