Titre : Memento mori
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Tiitu Takalo
Éditeur : Sarbacane
Parution : Mars 2021
Prix : 25€
2015 aurait dû être une très belle année pour Tiitu Takalo, récompensée par le Prix Finlandia de la BD pour son album Mina, Mikko ja Annikki (Moi, Mikko et Annikki, traduit chez Rue de l’échiquier en 2019 et Prix Artémisia en 2021). Mais, dans la nuit du 4 au 5 décembre, elle est subitement incapable de bouger puis prise de violents maux de tête alors que son compagnon Mikko est absent. Tiitu est victime d’une hémorragie cérébrale, à 37 ans.
« Si je ne la termine pas, c’est comme si je cédais à quelque chose.
– Comme si tu cédais? À qui? À quoi?
– Je ne sais pas. À la mort peut-être. En quelque sorte. »
Le travail de Tiitu Takalo est célèbre pour son caractère autobiographique, à commencer par son ancrage à Tampere. Avec Memento mori, paru en mars 2020 chez WSOY, puis en mars 2021 chez Sarbacane, toujours avec une traduction de Kirsi Kinnunen, l’autrice se dévoile encore plus et livre un album dense et puissant aux planches judicieusement peintes dans des tons bleus et rouge sang, parfois entrecoupées de planches en noir et blanc ou sépia. Sans fard, l’autrice évoque le souvenir étrange d’avoir pu, face aux cadences infernales, souhaiter être hospitalisée pour pouvoir ne rien faire et se reposer, mais surtout sa lente reconstruction et ses difficultés à se concentrer pour reprendre le travail, après un sursaut l’ayant poussée à achever pendant son congé maladie l’œuvre « interrompue » par l’AVC.
Un album somptueux pour un sujet délicat.
Chloé Lucidarme
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