
© 2019 Daniel Maghen
Titre : Mata Hari
Scénariste : Esther Gil
Dessinateur – Coloriste : Laurent Paturaud
Éditeur : Daniel Maghen
Parution : Septembre 2019
Prix : 16€
En 1897, lorsque la jeune Margaretha Zelle suit son mari, le capitaine MacLeod, jusqu’à sa garnison sur l’île de Java, aux Indes Néerlandaises, c’était pour découvrir un coin de paradis à l’autre bout du monde. Mais là ne l’y attendait que l’ennui d’une vie recluse, les infidélités d’un époux alcoolique et violent et la mort de son petit garçon. Seul le plaisir de la danse, découvert auprès des autochtones, lui offrira une porte de sortie, avant de fuir vers l’Europe et Paris, où sa beauté et ses atouts exotiques en feront la coqueluche des soirées parisiennes. Mais rien ne dure vraiment, et la chute n’en sera que plus brutale et douloureuse pour celle qui se faisait appeler Mata Hari dans ses spectacles orientaux…
« J’ai plongé dans la danse… comme on se jette du haut d’un pont pour oublier la souffrance. A chaque nouvelle lune, le rituel revenait… et les flots de musique m’emportaient jusqu’au soleil levant. »
Après avoir évoqué la vie tumultueuse de Victor Hugo, Esther Gil et Laurent Paturaud s’attachent à une autre figure emblématique, dont la vie sulfureuse et le destin tragique ont nourri bien des légendes à son encontre. Car, si son surnom reste synonyme d’espionne avec l’aspect péjoratif dû à ses mœurs légères, celle qui n’a cessé de réinventer ses origines pour fasciner son public et ses amants s’est heurtée à une période trouble où le mystère, les mensonges et les accointances dans les deux camps ennemis ne pouvaient que conduire à une décision brutale et définitive. Les auteurs, après avoir dévoilé sa vie à Java puis en Europe, reprennent la théorie très répandue sur le fait qu’elle fut condamnée et exécutée en 1917 pour espionnage au profit de l’Allemagne, simplement pour que les services de renseignement français montrent leur force. Si ce généreux album, très académique dans sa forme et son propos, enjolive quelque peu une héroïne à la fois ambitieuse et naïve – à laquelle Laurent Paturaud confère une beauté très moderne – on se laisse prendre dans les méandres de ce destin extraordinaire, porté par le souffle romanesque du récit et le fantastique coup de crayon du dessinateur, particulièrement exigeant dans le soin apporté aux décors, aux toilettes et aux ambiances.
Le destin unique de Mata Hari, une femme probablement plus ordinaire que sa légende ne le laisse croire.
Arnaud Gueury
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