
© 2015 Casterman
Titre : La Main heureuse
Scénariste – Dessinateur : Frantz Duchazeau
Éditeur : Casterman
Collection : Professeur Cyclope
Parution : Avril 2015
Prix : 17€
Frantz et Mike sont deux adolescents, deux potes aux passions bien distinctes. Alors que Frantz est rivé sur sa planche à dessins pour créer sa BD, Mike ne fait rien sans sa «mob». Mais il y a une chose sur laquelle les deux amis se rejoignent à 100% : La Mano Negra. Imaginez l’ébullition dans laquelle se trouvent les deux «gonzes» quand ils apprennent que leur groupe mythique joue à cent bornes de chez eux, à Bordeaux. Oui, c’est la distance qu’il y a entre leur bled de Charente et la salle dans laquelle Manu Chao et sa troupe se produisent. Frantz abandonne alors ses crayons, son chat et sèche deux jours d cours, tout comme Mike, pour prendre la route afin d’assister au concert. Mais cent kilomètres en «cyclo», et qui plus est à deux, ce n’est pas la panacée. Un «mob trip» dont ils se souviendront toute leur vie !
La Main heureuse est un vibrant et très bel hommage à ce groupe phare des années 90 qu’est La Mano Negra. Manu Chao, Antoine Chao, Santiago Casariego and Co ont dépoussiéré le rock alternatif dès 1987 en marquant toute une génération du sceau de «la main noire». Et qui n’a pas «pogoté» à cette époque en éprouvant la «Puta’s fever » tout en côtoyant son «King Kong Five» ? Dans cet album, Frantz Duchazeau se raconte sur deux niveaux de lecture. D’une part, l’auteur nous fait vivre son périple pour assister coûte que coûte au concert de son groupe favori. Un voyage entre Charente et Gironde où son histoire d’amitié avec Mike prend une autre dimension. Et d’autre part sous forme de phases psychédéliques, il se confie sur la séparation de ses parents et sur la manière dont il la vit. Une double introspection très intimiste. Pour bien appréhender le «beat, beat of the song, song – buzzin’ in your head», rien de tel que le dessin jeté de l’auteur qui ne perd pas de temps sur les détails. Son approche en noir et blanc est très épurée mais ne manque pas d’efficacité. De même que le découpage classique en gaufrier se prête parfaitement au récit. Point de fioritures, il ne reste que le ressenti brut. Au final, un road trip de cent pages qui se dévore avec délectation sur un fond sonore imaginaire (ou pas car vous pourrez mettre la «zique à donf» !) que nous n’avons pas besoin de nommer. Pour les fans absolus, une version collector augmentée d’un vinyle (enregistrement inédit de la Mano Negra en 33T – Théâtre Barbey – Live Bordeaux 89) a été tirée à 650 exemplaires.
Exit la «Mala Vida», il faut profiter de certains moments quand ils se présentent à vous !
Stéphane Girardot
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