
© 2016 Casterman
Titre : La Loterie
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Miles Hyman
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2016
Prix : 23€
Tout commence le 26 juin vers la fin des années quarante, dans un village de la Nouvelle-Angleterre aux États-Unis. Harry Graves, le receveur des postes, se rend à l’entreprise de charbon de Joe Summers en début de soirée pour l’aider – comme chaque année – à préparer l’urne et les bulletins de la Loterie qui a lieu le lendemain. Selon le nombre d’habitants de certaines villes, son déroulement prend deux jours et commence le 26. Mais dans la petite bourgade qui nous intéresse, où habitent les Hutchinson, il n’y a que trois cents âmes et la Loterie ne dure que deux heures tout au plus. Mais quel en est le principe et quel en est le gain ? Ou plutôt, quel tribut doit être payé pour que Tessie soit si réticente ? Quoi qu’il en soit le matin du 27, le ciel est clair et ensoleillé. Petit à petit, tout le monde se rassemble.
Réaliser l’adaptation d’un ouvrage littéraire n’est pas chose aisée. Et dans le cas de La Loterie, on peut dire que le défi était double. Pour commencer, cette nouvelle est une des œuvres de fiction les plus connues aux États-Unis, un classique écrit par Shirley Jackson. La première des difficultés résidait donc dans la retranscription d’un texte aussi subtil et fort du fait de son format court et de son rythme. D’autant plus qu’à l’époque de sa publication en 1948, cette histoire a suscité de nombreuses réactions allant de l’incompréhension aux menaces en passant par la curiosité. L’Afrique du Sud l’a même censuré. Shirley Jackson voyait dans cet acte une parfaite appréhension du sens intrinsèque de La Loterie. Deuxièmement, l’auteure n’est autre que la grand-mère de Miles Hyman (Le Dahlia noir), un lien de parenté qui aurait pu être un obstacle. Mais rassurez-vous, Miles Hyman a relevé le challenge bien au-delà de ce que quiconque aurait pu espérer. En effet, la force évocatrice de l’ensemble des illustrations à la texture si particulière de cet album est juste incroyable, époustouflante et dérangeante. Et ce, avec un minimum de texte. Comme dans la nouvelle, vous aurez l’impression d’être en terrain connu lorsque le dessinateur représente la bourgade, les champs, les familles, des scènes banales et quotidiennes. Mais le tout dégage une ambiance qui vous laisse un tantinet mal à l’aise, pour mieux vous cueillir au final. Une virtuosité graphique indéniable et totalement immersive qui image à la perfection ce petit moment d’horreur. La lecture en est tout simplement jouissive.
Un adaptation-hommage absolument grandiose qui permet d’avoir un autre regard sur la création de la « master » de l’horreur et du fantastique qu’est Shirley Jackson.
Stéphane Girardot
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