Titre : Les Enquêtes de Sgoubidou
Scénariste – Dessinatrice : Cathon
Éditeur : Pow Pow
Parution : Novembre 2020
Prix : 15€
Sgoubidou et son maître Sammy attendent assez impatiemment d’être contactés par le Professeur pour tenter de dénouer les intrigues que l’on voudra bien leur confier. Cela arrive alors que tous deux étaient concentrés sur une soirée jeu de société, à se convaincre que cette dernière était passionnante. Un baril a été déposé dans une mine abandonnée. Sammy et son pitoyable chien doivent mener l’enquête. Dans une autre affaire, une lettre anonyme a été envoyée : le maire a été enlevé et le corbeau souhaite 100€ en échange de la restitution de l’élu. L’occasion d’admirer, lors de la résolution de cette intrigue, l’inefficacité de Sgoubidou qui démontre qu’il est complètement inutile dans la résolution de ces intrigues inexistantes et idiotes. Dans une autre courte séquence, un préquel nous narre l’enfance de Sgoubidou. Dans ce court récit, on n’apprendra absolument rien et on se demandera toujours : mais à quoi sert donc ce chien ?
Les Enquêtes de Sgoubidou a débuté par une publication auto-éditée de Cathon, auto-imprimée, indépendante, pour et par les passionnés. C’était son lieu d’expression libre. Il s’agissait de son laboratoire et son impulsion artistique puissante n’avait aucune raison de suivre un cadre et une logique commerciale. C’est à la demande de ses fans qu’elle a décidé de réunir toutes les intrigues de Sgoubidou. Et les éditions Pow Pow se prêtent admirablement à cet exercice. Les intrigues, aussi futiles qu’elles soient, plongent le lecteur dans un monde décalé parsemé d’idioties, de néant et de surprises. Plus drôles encore que les pseudo enquêtes en elles-mêmes, les interludes façon fanzine : des publicités, des concours, des découpages, parodies toutes plus drôles les unes que les autres. Ces pages intercalaires découpant les saynètes déstabilisent et provoquent très souvent l’hilarité. Le ton est très très décalé. Les personnages évoluent dans un monde dérangé, mélange d’indifférence et de stupéfaction. Pour son dessin, Cathon parle de « ligne molle » : du noir et blanc tout en rondeur. C’est joli, précis et encore une fois tellement surprenant. Bref, si vous pensez faire un quelconque rapprochement avec le dessin animé presque homonyme qui a bercé notre enfance, passez votre chemin : ici, les onomatopées du royal canin prennent le dessus sur le cri célèbre du héros d’Hanna-Barbera. Seuls points communs : les masques et les faux-semblants des coupables dans les phases finales de dénouement des intrigues. Rapidement ce sentiment d’enfance de se plonger dans un vieux Placid et Muzo, du génie au burlesque. C’est délectable.
Toutou pour le plaisir des yeux : Sgoubidou est décalé, étonnant, consternant, mais cette BD secoue le monde des arts par sa puissance graphique et son ton déjanté comme jamais.
Jérôme Prévot
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