
© 2019 Anspach
Titre : Léopoldville 60
Scénariste : Patrick Weber
Dessinateur : Baudouin Deville
Coloriste : Bérengère Marquebreucq
Éditeur : Anspach
Parution : Octobre 2019
Prix : 14,50€
Deux ans après Sourire 58, véritable succès populaire et critique à sa sortie qui coïncidait avec les 60 ans de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles, Patrick Weber et Baudouin Deville consacrent un nouvel album à un événement historique qui fête ses 60 ans, à savoir l’indépendance du Congo belge. Nous retrouvons donc leur belle ligne claire et, surtout, Kathleen Van Overstaeten et son amie Monique, toutes deux hôtesses lors de l’Expo 58. La première est désormais hôtesse de l’air pour la SABENA (Société Anonyme Belge d’Exploitation de la Navigation Aérienne) et compte bien profiter d’une liaison Bruxelles-Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) pour rendre visite à la seconde, qui y vit. Mais, comme tout son entourage se plaît à le rappeler sans cesse à la jeune femme têtue, le Congo belge vit en réalité ses derniers mois et la situation est tendue.
« Je pense que vous ne comprenez pas ce qui se passe ici. Bientôt, c’est vous qui me solliciterez pour un emploi. CE PAYS EST À NOUS ! »
Cet homme en colère, c’est Célestin Bembé, dont nous découvrons assez rapidement qu’il est secrètement le compagnon de Monique. L’album s’ouvre en effet sur son entrevue agitée avec Arsène Jeanmart et Pierre Stevens. Mais ces deux hommes vont-ils accepter qu’un Noir, même de l’« élite », décline leur proposition ? Les menaces de Jeanmart ne sont peut-être pas que des paroles en l’air… Lorsque Célestin se retrouve accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Kathleen et Monique mènent l’enquête pour l’innocenter alors que la révolte continue de gronder dans le pays. La véritable réussite de cet album, au sujet délicat, réside en particulier dans la judicieuse alternance entre conflits quotidiens et coulisses opaques nous rappelant que la situation ne se limitait pas à une hiérarchie entre Bwana, évolués et indigènes : « Tout l’art des révolutions est de donner l’impression à ceux qui les font que ce sont eux qui tirent les ficelles. »
Kathleen Van Overstaeten, une héroïne à suivre dans Bruxelles 43, à paraître.
Chloé Lucidarme
Réagissez !