Titre : Leonard Cohen – Sur un fil
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Philippe Girard
Éditeur : Casterman
Parution : Mars 2021
Prix : 20€
Alors qu’il est en train de mourir seul, allongé sur les lames de son plancher, Leonard Cohen se remémore sa vie assez chaotique. Une existence où il a connu le succès avec des morceaux comme Suzanne ou encore Hallelujah, a eu des moments beaucoup moins joyeux en subissant les manigances de certains de ses agents, a fait de belles rencontres parmi lesquelles on peut compter Lou Reed, Nico du Velvet Underground, Janis Joplin ou Phil Spector, a été dépendant à l’alcool, aux antidépresseurs ainsi qu’à certaines drogues et a multiplié les aventures amoureuses. Cependant, bien que cela puisse paraître contradictoire, il était très porté sur la religion. Aujourd’hui, le compositeur-interprète-poète canadien, qui était très exigeant avec ses textes, est une véritable légende dans son pays. Sans commune mesure, il a marqué de son empreinte le XXe siècle et son univers musical avec sa voix unique et ses chansons à la fois douces et mélancoliques.
Raconter la vie de Leonard Cohen (1934-2016) en bande dessinée n’était pas chose simple à faire mais Philippe Girard (Un jour de plus) s’est acquitté de cette tâche avec brio. Et qui plus est, avec beaucoup de poésie. Dans ce roman graphique de plus de 110 planches, l’auteur balaye les points clés de la vie de l’artiste canadien de manière judicieuse. Ce qui nous permet d’appréhender de manière intelligible sa vie tumultueuse et de ressentir de manière évidente le mal-être quasi constant qui l’habitait malgré ses succès et ses amours sincères. Les allers-retours, les « flashbacks », entre l’instant où il se sent partir et ses différents souvenirs, sont un parallèle parfait avec le fait que Leonard Cohen a été compté comme fini à plusieurs reprises dans le milieu et qu’à chaque fois il est revenu. Comme s’il avait plusieurs vies. Il a toujours été en équilibre… comme un oiseau sur un fil ! Philippe Girard retranscrit l’ensemble dans un style ligne claire personnel aux allures « old school » qui cadre parfaitement avec le compositeur-interprète-poète. Pour bien se situer dans le temps, l’auteur québécois a posé un fond jaune soufre sur les planches du passé (la majorité de l’album) qui contraste efficacement avec le blanc des autres.
Un album réussi à lire avec en fond la playlist subjective proposée par l’auteur.
Stéphane Girardot
Réagissez !
Pas de réponses à “Leonard Cohen – Sur un fil”