
Titre : La Légende du coucou
Scénariste – Dessinateur : Wagner Willian
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2018
Prix : 22€
Alors qu’il est sur le tournage d’un film en Écosse, un Brésilien, trentenaire et ingénieur du son pour le cinéma en Europe, reçoit un appel de sa mère lui annonçant le décès de son grand-père paternel. Arrivé au Brésil trop tard pour l’enterrement, il se rend dans la propriété de ce dernier qui était pour lui quelqu’un d’une grande importance. En déambulant dans les jardins, il se remémore des souvenirs d’enfance et les moments passés avec le défunt, chef d’orchestre qui lui a notamment transmis une certaine passion pour la musique et son obsession pour l’intrigante légende du coucou. Soudain, un rire attire son attention. Il se met à courir dans sa direction pour signifier à la personne qu’elle est dans une propriété privée. Malheureusement, sa course le mène au bord d’un petit précipice et, n’arrivant pas à s’arrêter, il chute lourdement. Lorsqu’il se relève, son esprit est retourné dans son corps de petit garçon. Il découvre alors aux côtés de Kauane, la fille du gardien de la propriété, d’un an son aînée et apparue comme par enchantement, un univers onirique, à la fois farfelu et effrayant.
Après avoir été libraire jusqu’en 2006, le brésilien Wagner Willian s’est consacré par la suite à la peinture, la photographie, l’illustration et la bande dessinée. Son premier roman graphique édité en 2016, Bulldogma, a d’ailleurs connu un grand succès au Brésil et a été récompensé plusieurs fois. La Légende du coucou est donc sa première publication en France. Et le moins que l’on puisse dire est que nous sommes vraiment impressionnés, tant au niveau du récit que du dessin. L’auteur propose une histoire de famille (autobiographique ?) où viennent se greffer l’Histoire nationale du Brésil (les barons du café, l’esclavage, références culturelles, etc.) et une légende, celle du coucou. L’ensemble commence de manière tragique par l’annonce d’une mort et bascule, telle l’œuvre de Lewis Carroll Alice au pays des merveilles, dans un univers empreint d’onirisme où les souvenirs du jeune ingénieur du son resurgissent de manière excentrique et effrayante. Une partition de plus de 200 pages parfaitement orchestrée dont l’interprétation graphique est d’une légèreté et d’une finesse extraordinaire. Un rendu final qui est semblable au travail à la mine de plomb réalisé par Miguelanxo Prado sur Demain les dauphins pour certains effets.
Un très beau roman graphique qui invite à faire une parenthèse et à regarder en arrière pour mieux avancer.
Stéphane Girardot
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