
« Petit, j’imaginais une pièce gigantesque aux grandes et larges fenêtres, bourrée de livres, d’étagères, de plantes, d’affiches aux murs, de toiles en train de sécher, de casiers partout contenant tellement de trésors (feuilles, pinceaux, crayons…), et quelque part au milieu de tout ça, moi en train de travailler. La réalité d’aujourd’hui diffère de l’image que je m’en faisais autrefois, mon « atelier » se résume à deux choses : ma table à dessin et ma chaise. Qu’elles en ont vu du paysage, car elles ont pas mal voyagé de département en département, de Nantes à la Vendée, en passant par Paris pour finalement venir se poser aujourd’hui dans la région bordelaise. Ma table à dessin, c’est peut-être le seul élément « sacré » de mon atelier. Je l’ai eue en 1996, alors qu’un établissement scolaire se débarrassait d’une partie de son mobilier. Depuis, elle me suit partout, j’y suis très attaché. Si je devais ajouter un troisième élément à mon « atelier », ce serait mon casque audio. Lui, c’est en quelque sorte les murs de la pièce. Il crée ma bulle, celle dans laquelle je plonge lorsque je me lance dans le travail. On y passe de la musique, des émissions de radio, ou parfois des films que je ne regarde même pas, n’ayant pas vraiment le temps de lever la tête de ma feuille. Après avoir confié les mises en couleur de mes dessins à des coloristes, j’ai senti le besoin de faire de nouveau mes couleurs moi-même. Pinceaux et encres sont donc revenus squatter ma table, et j’ai troqué mes éternelles plumes à dessin pour des feutres qui débordent en pagaille d’une trousse qui m’accompagne, elle aussi partout, depuis le… CP. Aujourd’hui girondins, ma table, ma chaise, ma trousse et mon casque partagent la même pièce que l’atelier de ma femme. Nous travaillons côte à côte depuis des années, mais elle aussi a son propre environnement qui circule dans son casque. Nos bulles respectives se rejoignent parfois le temps d’une émission de radio, ou de discussions, mais l’essentiel du temps, chacun sa bulle, c’est ainsi que nous travaillons le mieux. Dans mon dos, l’inspectrice des travaux finis surveille l’avancement de mes planches, une Full Metal Pepette, cadeau de la société Attakus à ma femme. »
– Frédéric Peynet –
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