- Titre(s) : Là où gisait le corps
- Scénariste(s) : Ed Brubaker
- Dessinateur(s) : Sean Phillips
- Coloriste(s) : Jacob Phillips
- Editeur(s) : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Parution : Mai 2024
- Prix : 17,95 €
- EAN : 9782413083054
Pelican Road, juin 1984. Dans cette petite rue tranquille vit une communauté hétéroclite mais paisible qui va voir son quotidien bouleversé par la découverte d’un cadavre. Tous les voisins pourraient avoir eu un intérêt à tuer cette personne et tous sont mêlés de près ou de loin à cette sinistre affaire. Que ce soit Palmer Sneed, qui usurpe la plaque de flic de son défunt père pour se faire respecter, Ranko, un vétéran sans-abri instable mais tranquille, le docteur Ted Melville, que sa femme trompe avec le faux policier, ou Karina Lane, une jeune fugueuse dont les parents ont engagé un privé pour la retrouver…
« Faire semblant d’être flic sans arrêt, c’est un vrai boulot… Faut retenir tous ces mensonges… les dossiers, les équipiers… Il essaya d’inventer une autre vie… Mais s’il n’était plus flic, voudrait-elle encore de lui? »
On ne peut jamais être déçu d’une création conjointe d’Ed Brubaker et des Phillips père et fils ! Même lorsque les auteurs partent sur une histoire d’amour, c’est pour mieux réinventer les récits de romance sur un fond de thriller captivant. Encore une fois, leurs personnages semblent habités par une personnalité propre, presque palpable, comme si ils n’étaient pas imaginaires mais tirés d’une sombre affaire criminelle oubliée. C’est toute la force du scénariste de réussir à rendre tout cela crédible et humain. S’il puise souvent dans ses souvenirs, dans des expériences vécues ou des faits divers authentiques, Là où gisait le corps est bien une pure invention, un whodunnit formidable qui mêle toutes ses thématiques chères aux envies de Sean Phillips de s’éloigner un court instant du pur polar noir. Il résulte de cet essai romantique une ambiance unique, pesante et légère à la fois, une sorte de suspension mélancolique du temps avant la déflagration qui mettra un terme à cette parenthèse moyennement heureuse. La construction du récit est une nouvelle leçon de maitrise et de créativité, tant on va et vient dans les foyers de Pelican Road sans savoir ce qui nous y attend, qui mourra et qui sera responsable. Le dessinateur britannique, toujours soutenu par la colorisation de son fils Jacob, met tout cela en scène avec la même virtuosité qu’on lui connaît.
Encore une claque signée Brubaker-Phillips !
Arnaud Gueury
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