
Titre : L’Oligarque
Scénariste – Dessinateur : Philippe Gauckler
Coloriste : Scarlett Smulkowski
Éditeur : Le Lombard
Collection : Troisième Vague
Parution : Février 2015
Prix : 12€
Viktor Borissovitch Koralovski était l’oligarque le plus riche de Russie jusqu’à ce que son insoumission à la volonté du nouveau Président, Vladimir Khanine, ne lui vaille quatorze années d’emprisonnement. Une peine faisant suite à une sentence pour le moins inique qu’il purge dans la forteresse pénitentiaire CP66 pour fraude, évasion fiscale et détournement de matière première. Alors que la vie carcérale de l’ex-magnat du pétrole s’organise tant bien que mal, de mystérieux hélicoptères furtifs prennent l’établissement pour cible, lui offrant ainsi la possibilité de s’évader. Une occasion qu’il saisit juste avant qu’un missile n’efface toutes traces du site et de ses occupants. Au même moment à Berlin, une bombe atomique est découverte alors que le Président Khanine est en visite officielle en Allemagne. Koralovski découvre alors qu’il est impliqué dans une machination au centre de laquelle se trouve la théorie de la «pénurie durable».
Philippe Gauckler intègre la collection Troisième vague avec une série aux antipodes de Prince Lao, la production jeunesse qui marqua son retour à la bande dessinée après une pause de dix ans dans la publicité. L’auteur développe dans Koralovski un thriller politico-économique dense et haletant, très largement inspiré du parcours de Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron de Loukos dans le milieu des années 90, qui fut la cible du nouveau président russe de l’époque, Vladimir Poutine. Une histoire où le pétrole est au centre de l’intrigue et qui offre un point de vue intéressant sur la Russie d’aujourd’hui. L’introduction du concept que l’auteur nomme la «pénurie durable» plonge un peu plus le lecteur dans les zones d’ombre des mécanismes mercantiles. Le principe est simple : une source d’énergie dont les ressources sont limitées verra sa valeur augmentée au fur et à mesure de son épuisement. En dégageant bien sûr de très gros profits, ce qui fait l’affaire de pas mal de monde. Sans plus en dévoiler sur le scénario – car il y a d’autres éléments à découvrir – tous les ingrédients nécessaires sont réunis pour passer un très bon moment. Graphiquement, les planches de Philippe Gauckler sont très fournies sans pour autant être indigestes. Le découpage est serré accentuant ainsi le rythme soutenu imposé par le récit. Á noter le joli travail de Scarlett Smulkowski à la couleur. En deuxième partie de l’album, le dessinateur se fend même d’un « guest » en donnant à un de ses personnages les traits d’un acteur français ayant obtenu la citoyenneté russe voilà quelques temps déjà. Vous voyez de qui il s’agit ?
Une très prometteuse entame pour cette série prévue en trois tomes.
Stéphane Girardot
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