© 2022 Editions Delcourt

• Titre(s) : Rhum Runners
• Scénariste(s) : Thierry Cailleteau
• Dessinateur(s) : Luc Brahy
• Coloriste(s) : Simon Champelovier
• Editeur(s) : Delcourt
• Collection : Conquistador
• Parution : Mars 2022
• Prix : 14,95 €
• EAN : 9782413029885

En rouvrant le saloon de son père, Julie Doohan avait pris un gros risque mais, après s’être débarrassé de son rival mafieux, les affaires marchent bien pour elle et sa communauté. A tel point que la jeune femme ne souhaite pas se contenter de la contrebande de bourbon et met sur point un trafic de rhum avec un spécialiste faisant la transition entre les Caraïbes et elle. En accompagnant le capitaine Mc Call pour surveiller la première cargaison, Julie doit s’éloigner de ses terres et se découvre le pied marin. Mais son vieux rival l’attend à Port-au-Prince et va tout faire pour ruiner l’acheminement du rhum, quitte à jouer des croyances de l’île…

Après deux premiers tomes réalistes et entrainants, cet album vire très vite au grand n’importe quoi. Voir, dès la deuxième page, l’héroïne exhiber dans la foule la seringue lui ayant permis de doper un cheval de course aurait dû mettre la puce à l’oreille. Clairement, la crédibilité et le sens de la mesure ont quitté cette série, pas définitivement on l’espère. Certes, des lecteurs pourront trouver tout cela amusant, mais le ton imposé par les volumes précédents ne préparaient pas à cela. Invoquer ensuite des zombis – toutefois pas des morts-vivants, mais quand même – et mêler époque de la prohibition et piraterie peut rendre l’ensemble indigeste. Encore une fois, c’est un choix assumé par Thierry Cailleteau mais c’est perturbant, tout comme les réactions des personnages, qui deviennent de pâles caricatures d’eux-mêmes (Julie en aventurière intrépide, tirant nue à la mitrailleuse, le shérif en poivrot comique, le méchant de pacotille plus ridicule que menaçant). Même le dessin de Luc Brahy, très efficace, se montre quelques fois imprécis, avec des dernières pages de moins en moins détaillées au niveau des visages. Peut-être l’impression ne lui rend-elle pas honneur avec des cases un peu floues et une planche (page 33) dont le rendu est étrange.

Un troisième tome qui prend une drôle de tournure et déçoit franchement. Le retour en Virginie laisse espérer un meilleur retour aux sources.

Arnaud Gueury