Titre : Allemagne 1932
Scénariste : Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Bruno Marivain
Coloriste : Marine Tumelaire
Éditeur : EP
Parution : Juin 2017
Prix : 14€
1920. Peu après la Grande Guerre, Hermann Göring vit de ses talents de pilote en Suède et rencontre sa future femme, tandis que son ancien compagnon d’escadrille, Ulrich von Kleist, industriel aisé, gère l’entreprise de son beau-père. Les années qui suivront les bouleverseront alors que l’Histoire se met en marche… Le krach à Wall Street entraîne une crise mondiale. Le peuple allemand découvre la misère et la jeune République de Weimar ne peut empêcher les travailleurs de se tourner en masse vers les partis extrémistes. D’un côté, les Communistes du KPD, qu’on accuse d’avoir ruiné le pays lors de l’armistice; de l’autre, le NSDAP, dirigé par un certain Adolf Hitler. Suivant leurs convictions, certains choisiront un des deux camps, sans savoir que l’avenir s’assombrira très vite. Julia von Kleist, elle, va voir sa famille exploser : alors que son fils souhaite incorporer les Jeunesses Hitlériennes, son mari la trompe…
Si les BD traitant de la seconde guerre sont nombreuses, peu s’attachent autant à la véracité historique et au drame qu’ont vécu tant de familles allemandes lors des années qui l’ont précédée. C’est un bon choix de la part de Jean-Blaise Djian d’avoir voulu coller à l’intimité de certaines d’entre elles. Fictifs ou historiques, ces héros qui se croisent amènent un autre regard sur le « choix » qui s’offraient aux Allemands à cette époque. Loin de toute démagogie, hormis quelques personnages aux idées bien arrêtées, le tour de force est de montrer l’indécision ou les erreurs de certains d’entre eux. A ce titre, Ulrich a pour l’instant plus de profondeur que sa femme : ne soutenant pas les théories nazies, il voudra voir Hitler prendre le pouvoir pour chasser les Communistes, avant qu’on le chasse à son tour. Une vision assez répandue mais qui n’a pas résisté au temps… Pour appuyer ce travail quasi-documentaire, réédité par Paquet sous le label EP, il fallait un trait réaliste comme celui de Bruno Marivain (La Mémoire des Ogres) pour plonger au cœur de cette période complexe.
Une vision forte et juste de la montée du nazisme à travers les yeux de Julia von Kleist, une femme qui prend conscience de tout perdre.
Arnaud Gueury
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