Titre : Journal d’une Femen
Scénariste : Michel Dufranne
Dessinatrice – Coloriste : Séverine Lefebvre
Éditeur : Le Lombard
Parution : Septembre 2014
Prix : 16,45€
Apolline est une jolie fille d’une vingtaine d’années, dynamique et célibataire, qui travaille dans une agence de communication. Malgré son caractère bien trempé, aujourd’hui elle se sent étouffée par les brimades machistes qu’elle subit au travail, dans le métro, dans la rue ou encore de la part de sa propre famille. Après une fin de semaine exécrable au travail et un week-end du même acabit, elle décide de prendre le taureau par les cornes en envoyant un mail à l’organisation féministe et activiste des Femen afin de rejoindre le mouvement. Elle découvre alors le fonctionnement du groupe de l’intérieur et prend part à diverses actions sous le pseudo de Sophie. Mais avant toutes choses, elle prend pleinement la mesure des risques et conséquences que son engagement peut engendrer sur sa vie en général. Ceci est le journal d’une Femen.
Journal d’une Femen est une fiction basée sur des faits réels. Un travail de longue haleine qui est le résultat de plus de quatre années de travail dont deux ont été consacrées à des interviews, des débats, des rencontres et des observations de la part de Michel Dufranne. Le scénariste a réussi à retranscrire, sans aucun parti pris, ce que sont réellement les Femen. Les dialogues sont parfois durs mais reflètent exactement ce qui se passe dans notre société aujourd’hui. Ce que vivent certaines femmes au quotidien. Ce journal de près de cent trente pages se lit très facilement, tout simplement parce que la fiction rejoint, une fois de plus, la réalité. Et, les personnages sont très bien travaillés et nous emportent dans leur prise de position. Le traitement graphique de Séverine Lefebvre (Les Aventures de Tom Sawyer) est, quant à lui, complètement en adéquation avec le sujet. Son trait, ses personnages et sa mise en couleur n’auraient pas sonné juste s’ils avaient été autrement que tels qu’ils sont tout au long de ce reportage. La touche «manga girly» de la dessinatrice y est pour beaucoup. Encore une fois, il n’y a aucune prise de position dans cette bande dessinée. Les auteurs mettent juste le doigt sur des faits réels du quotidien et apportent un éclairage sur le sujet comme seul le 9ème Art sait le faire. C’est une œuvre destinée à tous ceux qui n’ont pas compris ce que sont réellement les Femen et à ceux qui les soutiennent.
Le Lombard surprend avec ses choix éditoriaux et c’est cela qui nous plait. Á lire !
Stéphane Girardot
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2 Responses to “Journal d’une Femen”
23 septembre 2014
JulesAllez dire en face au scénariste qu’il n’y a « aucune prise de position » dans sa bande dessinée… Pas sûr que ça lui fasse plaisir ! Dufranne a choisi d’omettre ou de souligner certains aspects de la question des Femen, et ce n’est jamais neutre.
« C’est une œuvre destinée à tous ceux qui n’ont pas compris ce que sont réellement les Femen et à ceux qui les soutiennent. »
Après avoir lu la BD, j’ai le sentiment de n’avoir rien appris de neuf sur le fonctionnement idéologique, politique ou activiste des Femen. Ce n’est pas parce qu’on met en scène le parcours d’une Femen (avec un personnage qui est d’ailleurs inventé) qu’on change forcément le point de vue du lecteur sur ces militantes. La BD n’est d’ailleurs peut-être pas le meilleur moyen d’explorer le sujet, ce fameux dessin « manga girly » ayant tendance à rendre glamour un sujet grave et complexe. Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil sur la couverture de l’album, qui reprend complètement au premier degré les codes visuels des Femen (à la limite de la propagande).
23 septembre 2014
Stéphane GirardotBonjour Jules, merci pour vos remarques auxquelles je vais répondre.
Premièrement, Michel Dufranne a apprécié ma chronique. Quand je dis aucune prise de position, c’est pour signaler que ce projet n’est ni pour, ni contre les Femen. Il s’agit d’une fiction basée sur des faits réels.
Deuxièmement, oui, cette BD est destinée à ceux qui ne connaissent pas le mouvement. C’est pour découvrir, comprendre un peu mieux, éclairer certaines lanternes. Apparemment, vous connaissiez les Femen avant ! Donc, logique que cela ne vous en apprenne pas plus.
Il s’agit là d’un journal, d’une histoire basée, je me répète, sur des faits réels. Ce n’est pas de la propagande.
Je doute que Nathalie Van Campenhoudt, éditrice au Lombard en charge de ce projet, ait édité cette BD à ces fins.
Quant aux codes visuels des Femen, il est logique de les retrouver. Nous sommes dans une BD où une dessinatrice dessine. Séverine Lefebvre a repris le basic de ces derniers pour être explicite. Et, le côté Manga Girly tempère la dureté du sujet.
Bonne journée Jules