
© 2016 Marabout
Titre : Si j’étais une femme je m’épouserais
Scénariste – Dessinateur : Joann Sfar
Éditeur : Marabout
Collection : Marabulles
Parution : Septembre 2016
Prix : 19,90€
Journal intime écrit durant six mois de psychanalyse, il constitue un témoignage original sur l’acte de création et la complexité des relations hommes-femmes. L’auteur l’a entamé suite à une rupture amoureuse douloureuse qui traverse toutes les pages de la BD. Vagabondage torturé dans les méandres du cerveau de l’auteur ? Introspection poussée sur la difficulté de vivre en harmonie avec le monde actuel ? Cette œuvre atypique est un peu tout cela à la fois. Elle s’ouvre sur la première séance de psychanalyse à laquelle l’auteur s’est résolu (non sans mal) à se rendre. De là, il va nous livrer ses réflexions sur la vie, son rapport aux femmes et à l’écriture mais aussi évoquer les films, écrivains et penseurs qui l’ont marqué. Dans cette œuvre polymorphe, les planches de BD alternent avec pages de journal intime et dessins d’un style inédit chez Sfar (il délaisse alors un dessin en couleurs et au trait fin au profit d’illustrations monochromes au trait épais ou crayonné qu’il devrait d’ailleurs nous offrir plus souvent !).
Cette BD autobiographique est la suite des Carnets de Joann Sfar. Comme toujours chez lui, l’apparente naïveté du dessin entretient l’humour mais il se couple ici à une réflexion quasi philosophique sur le sens de la vie, le besoin d’écrire et surtout la difficulté à comprendre les femmes. On découvre la face cachée de cet auteur-illustrateur : un être torturé qui essaie d’apprivoiser ses névroses et dont les blessures d’enfance l’ont poussé très tôt à s’interroger sur la place de la mort ; un homme déçu par une femme dont il était profondément amoureux et qui se sent totalement désarmé face à la gent féminine. Quelques fantasmes sexuels viennent d’ailleurs se glisser dans les pages… aussitôt suivis par des pages d’écriture effrénée qui en disent long sur son sentiment de solitude et de désarroi face au mode environnant. Mais n’ayez crainte, l’humour (noir parfois) repointe vite le bout de son nez et apporte une légèreté très appréciée.
Entre introspection décalée et imagination débridée, cette BD dresse un portrait singulier de l’auteur du Chat du Rabbin.
Morgane Le Bars
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