© 2020 Dupuis

Titre : Inhumain
Scénaristes : Denis Bajram & Valérie Mangin
Dessinateur – Coloriste : Thibaud de Rochebrune
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Parution : Octobre 2020
Prix : 24,95€

Suite à un coup de folie inexplicable de son capitaine, une navette d’exploration en mission pour une arche de colonisation s’écrase sur une planète inexplorée. Sauvés par d’étranges créatures marines, les survivants de l’expédition se retrouvent sur un minuscule atoll, cerné par un océan sans fin. Leur surprise est immense quand ils découvrent que les autochtones sont humains et parlent leur langue. Pour autant, ceux-ci semblent dénués de toute volonté ou réflexion, et répètent inlassablement les mêmes gestes tous les jours. Déçus et intrigués, certains d’entre eux étant contaminés par cette indolence, les étrangers décident de visiter les profondeurs de l’île, à la recherche d’autres habitants, sans imaginer une seconde ce qui les y attend…

« Ce n’est pas habité par des humains, ce n’est pas possible. Ce doit être des aliens… les habitants originels de cette planète. Avec un peu de chance, ils sont plus avancés technologiquement que les villageois. »

Chaque nouveau projet de Denis Bajram étant rare et donc attendu, cet épais one shot co-écrit avec sa compagne Valérie Mangin avait tout de l’événement. Voir ces deux excellents auteurs réunis sur une histoire de science-fiction, qui plus est dans la prestigieuse collection Aire Libre qui comporte peu de BD de ce type, ne pouvait qu’attirer l’attention. Restait encore à convaincre. Si chacun pourra évidemment se faire son avis de manière objective, Inhumain brasse des thématiques communes aux deux scénaristes et constitue une étonnante et juste rencontre de leurs univers respectifs. L’aventure mêle ainsi des sujets typiques de la SF – exploration spatiale, colonisation, degré d’humanité des androïdes, choc des cultures, écho à la société contemporaine – tout en traçant sa propre voie au fil des pages. D’ailleurs, cette histoire en quasi huis-clos adresse en filigrane un message assez fort sur notre présent et l’état de notre civilisation. Pour l’illustrer, Thibaud de Rochebrune montre un tout autre pan de son talent, au cours d’un exercice de longue haleine pour lui. Ces 94 pages très exigeantes sont le fruit de beaucoup de travail au vu du résultat. La variété de ses compositions, la recherche d’ambiances différentes et la colorisation en font une œuvre de toute beauté.

De la SF intelligente qui sait jouer avec le classicisme pour mieux la renouveler.

Arnaud Gueury