Albums marquants de leur époque, lancements de séries devenues cultes ou simples curiosités oubliées, Rétrobulle sera la rubrique remettant à l’honneur des bandes dessinées à l’occasion de leurs anniversaires.
Chaque mois, nous reviendrons sur ces titres qui célèbrent leurs 10, 20, 30, 40, 50, 60, 70 ou même 80 ans d’existence. Souvenez-vous…
SODA #10 Dieu seul le sait
« On m’appelle SODA, mais mon vrai nom, c’est Solomon. David Elliot Hanneth Solomon. Si elle savait, ma mère vous dirait sans doute que je suis policier, mais à New York, il n’y a pas de policiers, juste des flics. De toute façon, elle ne sait pas, ça l’inquiéterait, elle m’a toujours cru pasteur… Depuis l’an dernier, elle habite avec moi ; elle ne sort jamais et ne lit pas les journaux qui sont plein de violence. C’est pas plus mal : les types que j’arrête sont parfois un peu morts… » © Dupuis
Après un séjour mouvementé dans la ville de son enfance dans le tome précédent, voici dans ce dixième tome que le lieutenant SODA se retrouve amnésique et se prend véritablement pour un pasteur, ce qui ne manque pas de provoquer de nombreux quiproquos…!
Bien évidemment inspirés par le début de la série XIII (à laquelle de nombreux clins d’œil sont faits tout au long de l’album) Dieu seul le sait est sans nul doute l’un des plus drôles de la série, sans pour autant en oublier la dose d’action nécessaire au bon équilibre des genres. Un très bon album de SODA que je ne peux que vous recommander.
Série stoppée en 2005 après douze tomes, elle fut finalement relancée en 2014 avec Dan comme nouveau dessinateur pour un tome 13 fort justement nommé Résurrection. Toutefois, les fans -dont je fais partie- attendent toujours ce fameux quatorzième tome pour conclure le diptyque initié par le treizième tome. Devrons-nous encore une fois attendre neuf ans entre deux albums de SODA ? Dieu seul le sait…
XIII #13 – The XIII Mystery, l’enquête
« L’encyclopédie de la saga ! Une histoire en 41 pages racontant le triste destin de journalistes trop curieux, 130 biographies, une masse de dessins inédits, de nombreuses photos… » © Dargaud.
Après avoir évoqué XIII dans SODA, comment ne pas mentionner l’original treizième tome de XIII, édité lui aussi en février 1999 et dont la seconde partie est parue l’an dernier ?
Cet ouvrage est à la fois une bande dessinée sans en être vraiment une, mais comportant malgré tout autant de planches au final qu’un album standard de XIII. C’est aussi un recueil thématique des événements passés dans les douze premiers tomes avec une biographie de chaque personnage, même très secondaire, rencontré. Accessoirement, ce tome s’agrémente de surcroît de l’apparition d’un personnage de la série Largo Winch.
Cette « enquête » est une petite bible, qui d’ailleurs aura bien servi pour alimenter la série annexe XIII Mystery.
Un tome indispensable pour les amateurs de XIII mais qui rebutera certainement quelqu’un découvrant la série via ce tome. Pour les fans donc, tout comme le récent tome 13 bis « L’enquête – deuxième partie » sorti fin 2018 et qui reprend le même type de construction.
Cédric #1 Premières classes
« Dur, dur, d’être un petit garçon… Entre la maîtresse, le psychologue de l’école, les parents trop curieux, les copains chahuteurs, une cousine odieuse et une petite copine capricieuse, Cédric a fort à faire pour préserver sa tranquillité. Heureusement, Pépé est toujours là, pour les mauvais coups comme les coups de blues. » © Dupuis
Cinq ans avant Titeuf, les enfants avaient déjà leur héros des cours de récré. Plus naïves et consensuelles que ne le seront jamais les histoires du héros de Zep, les aventures de Cédric sont fort sympathiques mais ne révolutionnent pas le genre dont les bases furent posées par Boule et Bill.
Les histoires n’en restent pas moins amusantes, notamment avec le grand-père. Une série qui a désormais du mal à se renouveler mais dont les débuts méritent d’être lus.
Tintin #8 Le sceptre d’Ottokar
« Si tu as un peu suivi l’histoire, tu verras qu’elle est tout à fait basée sur l’actualité. (…) Il se prépare une annexion en règle. » (Hergé dans une lettre destinée à son éditeur pour accélérer la parution de l’album. Cité par Benoit Peeters dans Hergé, Fils de Tintin) © Flammarion
Annexion de l’Autriche et d’une partie de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne ? Annexion de l’Albanie par l’Italie ? Les exemples ne manquent pas et Hergé avait clairement senti le vent venir en cette année 1939.
Était-ce par envie de fantaisie ou bien par peur d’éventuelles représailles dans le conflit qui se préparait ? Toujours est-il que Hergé nous gratifie avec cet album de la première histoire de Tintin dans un pays imaginaire : la Syldavie. Joli nom pour un petit pays slave, que son voisin et ennemi la Bordurie envisage d’envahir. Pour ce faire, le vol du symbole du pouvoir du roi Syldave, le fameux Sceptre d’Ottokar, est nécessaire.
Tintin, impliqué dans cette histoire à cause de la distraction du professeur Halambique, plus ou moins bien aidé par les Dupont, mène l’enquête pour retrouver le fameux Sceptre.
Véritable politique-fiction en pleine période troublée en Europe, c’est un peu une allégorie de la Belgique souveraine idéalisée par Hergé qui semble être représentée par la Syldavie. Bien plus qu’un quelconque véritable état des Balkans, c’est bel et bien l’indépendance de la Belgique que Tintin tente de sauver.
La critique de la dictature fasciste de Bordurie reste prudente et bien moins virulente qu’elle ne le sera dans L’Affaire Tournesol (dans lequel le régime politique Bordure sera bien plus soviétique que fasciste d’ailleurs). L’accent est clairement mis dans cet album sur la duplicité de ceux en qui on a placé sa confiance. Le Colonel Boris, le professeur Halambique, ainsi que tous ceux qui prétendent vouloir aider Tintin : les protagonistes ne sont pas toujours ceux qu’ils prétendent être…
En conclusion, un très bon album de Tintin avec plusieurs niveaux de lecture, à lire enfant (ou, à défaut, avec un regard d’enfant) pour en apprécier tout simplement les péripéties des aventures de Tintin, et à relire adulte et remis dans son contexte historique pour en apprécier toutes les qualités.
Rendez-vous le mois prochain pour de nouveaux anniversaires !
Christophe Van Houtte
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