- Titre(s) : Il y a longtemps que je t’aime
- Scénariste(s) - Dessinatrice(s) - Coloriste(s) : Marie Spénale
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Mars 2024
- Prix : 24,00 €
- EAN : 9782203276505
À la suite du naufrage du bateau de croisière sur lequel elle se trouvait avec son mari Alain, Annie atteint miraculeusement une île déserte. Elle est seule sur cette péninsule et doit faire avec. Jour après jour, elle survit comme elle peut malgré ses peurs. Elle met également à profit cette solitude imposée pour s’interroger sur sa vie passée et établir un bilan de son couple, une relation où elle était étouffée et pas vraiment épanouie, une activité cérébrale qui fait lui passer le temps. Contre toute attente, Annie rencontre un homme qu’elle croit être un autochtone et qui est bien plus jeune qu’elle. À partir de cet instant, les deux êtres s’apprivoisent et finissent par nouer une relation intime, loin des conventions sociales, qui offre à Annie l’opportunité de se réinventer et d’envisager, pour la première fois de son existence, de vivre complètement pour elle. Une sorte de nouveau départ malheureusement interrompu par un événement absolument inattendu !
Porté par une palette chromatique assez dingue qui fait la part belle au rose fluo et par un dessin aéré des plus efficaces, le récit d’Il y a longtemps que je t’aime est axé sur l’introspection d’une femme d’âge mûr provoquée par le fait qu’elle se retrouve tout à coup dans la situation de Robinson Crusoé. Si le titre fait penser à la comptine À la claire fontaine, le contenu de la proposition de Marie Spénale (Wonder Pony) n’a pas de rapport avec celle-ci au-delà des paroles qui pourraient sortir de la bouche d’Annie : « il y a (trop) longtemps que je t’aime (Alain), jamais je ne t’oublierai » (« car même seule sur cette île, je ne cesse de converser virtuellement avec toi »). Pour dire que l’amour change ou évolue avec le temps et que rien ne l’efface ou encore, comme le dit si bien l’autrice, pour signifier qu’un « je t’aime » est une promesse dans le temps et non uniquement limité à l’instant où il est donné. Le questionnement d’Annie tourne autour de cela mais aussi aborde son rôle dans le couple et la manière dont elle est considérée par son mari. Marie Spénale décrit très bien l’état d’esprit dans lequel se trouve la naufragée avant et après sa rencontre avec « l’indigène » ; tout comme elle enrobe de pudeur et d’une belle sensibilité la relation intime qui naît entre eux puis s’évapore après un subit et original retour à la réalité.
Une aventure romantique et “fluorescente” où l’amour et le temps se jouent l’un de l’autre. Une belle réussite !
Stéphane Girardot
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