Titre : Pas de quartier pour le latin !
Scénaristes : Matthieu Choquet, Yves Coulon & Jérôme Erbin
Dessinateurs – Coloristes : Jean Bastide & Philippe Fenech
Éditeur : Albert-René
Parution : Juin 2021
Prix : 8,99€
Avant de rencontrer Astérix et Obélix lors de leur Tour de Gaule et de ne plus les quitter, comme chacun sait, Idéfix vivait à Lutèce. On le retrouve approximativement deux ans auparavant, entouré d’une ribambelle de copains. Il y a d’abord Turbine et Padgachix, deux chiens comme lui, aux caractères complémentaires, mais aussi la chatte Baratine et le vieux pigeon Asmatix. Dans la forêt vit également le hibou Voldenuix, spécialiste des potions un peu bancales, qu’ils croiseront de temps en temps. Ensemble, ils forment les Irréductibles de Lutèce, résistants encore et toujours à l’envahisseur…
Si cela vous rappelle quelque chose, c’est normal ! René Goscinny et Albert Uderzo avaient envisagé dans les années 1970 de faire vivre à Idéfix ses propres aventures. C’est désormais chose faite, Albert Uderzo ayant eu le temps de suivre les fondements de ce projet jusqu’aux premières images animées. En attendant la série animée en 3D qui sera diffusée à partir de septembre à la télévision, Idéfix et les Irréductibles se décline en trois épisodes de papier… Entoutelogix, est-on tenté de dire ! Le fidèle lecteur des aventures d’Astérix ne pourra que constater une chose : le dessin est bluffant ! Aussi bien Philippe Fenech, adoubé par Uderzo à ses débuts, aux manettes de deux histoires, que Jean Bastide, illustrant celle du milieu, connu pour sa capacité à se fondre dans un style bien précis (notamment celui de Roba pour Boule et Bill), étaient prédestinés pour cette tâche à la fois périlleuse et excitante. Ils s’en sortent avec les honneurs, chacun avec leur patte, et se font plaisir en ayant la possibilité de représenter de-ci de-là des personnages du célèbre village gaulois. Seul regret, le format de l’album se révèle frustrant par moments, même si on comprend l’idée générale : petits personnages mignons, petit format pour petit public visé (en âge), voire désir de modestie par rapport à Astérix et Obélix. On devine que les dessinateurs ont travaillé sur un format habituel et que leurs planches ont été rétrécies ensuite. Ce n’est pas grave pour les plans serrés mais un peu dommage pour les petits détails glissés dans certaines, qui ne sont pas assez mis en valeur, alors qu’on se rend compte qu’ils ont nécessité un gros travail. Le dessin mériterait d’être mieux valorisé. Quant aux trois scénarios de ce premier album, inspirés de la série animée à venir, ils nous apparaissent plus secondaires en tant qu’adultes, mais ils devraient être en mesure de plaire au jeune public visé, avec quelques références, notamment musicales, pour les plus vieux qui leur auront piqué l’album ou le liront par-dessus leur épaule.
Idéfix et les Irréductibles se présente comme un hybride réussi entre l’école Uderzo et l’école Disney, ne trahissant en rien l’univers dont elle s’inspire. De quoi faire briller les yeux des petites têtes blondes et de leurs parents nostalgiques.
Nicolas Raduget
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