© 2020 Fluide Glacial

Titre : Horace ô désespoir
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Bruno Madaule
Éditeur : Fluide Glacial
Parution : Août 2020
Prix : 9,90€

Même s’il se croit sans doute unique au monde, Horace est bien le prototype parfait de l’adolescent moderne, trainant sa carcasse entre son lit et le canapé, sans certitude sur son avenir ou le choix de ses études. En plus, entouré de parents en pleine crise de la quarantaine, prêts à se séparer pour rompre la monotonie de leur vie de couple, le jeune lycéen n’a pas vraiment le cadre idéal pour se sentir bien dans sa peau. Ouais, la vie est injuste…

« Moi c’est décidé, je fous plus rien. On n’a pas d’avenir de toute façon. On est foutus, la planète est fichue…
– Kestancé? On va peut-être s’en sortir?
– Alors là je serais trop mal… »

On ne pourra pas prendre cet album en main sans penser directement à son auteur, disparu quelques jours seulement après sa parution. Spécialiste de l’humour loufoque en phase avec son époque, Bruno Madaule (Les Givrés) savait capturer ces petits moments de vérité pour les détourner et faire rire. Horace ô désespoir – qui ne sera pas son dernier album, puisque Superenvironman, sa collaboration avec Thomas Priou, paraîtra dans les mois à venir chez Bamboo – en est l’exemple parfait, tant il a su capter les petits travers des adolescents et de leurs parents dans plusieurs saynètes criantes de vérité. Les gags s’enchainent (un peu trop) rapidement, sans vrai fil conducteur si ce n’est la vie de tous les jours d’un lycéen à l’aube du passage du bac, entre les moments d’ennui, les potes, les petites amies, Parcoursup, la famille, etc. Bruno Madaule ne s’empêche toutefois pas d’en sortir par instants, proposant quelques répliques acides sur le sexisme, la vieillesse, le divorce et autres joyeusetés. Grâce aux trognes de ses personnages, le rire est souvent là. Un bel héritage pour un artiste parti trop tôt.

Un album quasi posthume qui parlera à bien des lecteurs, parents ou anciens adolescents désœuvrés.

Arnaud Gueury