Titre : L’Homme qui inventait le monde
Scénariste : Rodolphe
Dessinateur : Bertrand Marchal
Coloriste : Sébastien Bouët
Éditeur : Dargaud
Parution : Avril 2021
Prix : 16,50€
En arrivant à Dak 3, une île artificielle au large de Dakar destinée entre autres aux militaires gradés de retour de mission, Le lieutenant Charlene Barrymore met fin à seize mois de missions successives qui ont entamé son moral. Elle y fait rapidement la connaissance de son voisin, le capitaine John Bowman, un navigateur, rôle essentiel dans la conquête spatiale. Si l’homme est sympathique, les cauchemars qui l’assaillent l’ont rendu nerveux et instable. Surveillé de près, se sentant prisonnier sur la base, il décide de s’en échapper un temps et entraine Charlie avec lui dans cette escapade. La jeune femme va alors en apprendre plus sur lui, notamment un élément incroyable qui donne du corps à ses cauchemars…
« Toute la formation que j’ai suivie, c’était pas pour me retrouver à jouer les vieux cons au bord d’une piscine! Je veux mon vrai job! Celui pour lequel j’ai signé! »
Le trio à l’origine de la série Memphis, déjà réalisée sans leur compère de Namibia, l’excellent Leo, entreprend un étonnant one shot, plus orienté vers l’introspection que l’action. Pas sûr que tous les lecteurs adhèrent donc à ce sobre voyage d’anticipation qui prend son temps pour présenter et développer ses personnages, insistant sur son ambiance avant une conclusion rapidement menée sans esbrouffe ni effets grandiloquents. Plutôt que d’avoir une intrigue menant à une fin enlevée et pétaradante, les auteurs appuient le malaise du héros et les doutes qu’il fait naître : d’où viennent ses cauchemars, sont-ils des souvenirs ou est-il tout simplement aux frontières de la folie, navigateur en burn out confiné et observé par ses supérieurs avant de reprendre ou non du service ? Rodolphe mène donc un récit anti-spectaculaire déroutant, un peu bavard mais suffisamment à contre-courant pour qu’on puisse l’apprécier, tandis que Bertrand Marchal appuie le froid réalisme de ce futur familier par quelques petites touches de technologie.
Un récit d’anticipation volontairement lent et introspectif qui change des grandes batailles et découvertes spatiales habituelles.
Arnaud Gueury
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