Titre : Mort au comptant
Scénaristes : Tristan Roulot & Philippe Sabbah
Dessinateur : Patrick Hénaff
Coloriste : MiKl
Éditeur : Le Lombard
Collection : Troisième Vague
Parution : Mars 2018
Prix : 12,45€
Le plan érythréen de Franck Carvale ne se déroule pas comme prévu. Les visas pour le personnel de l’O.N.G. de Trine sont bloqués, les semences nécessaires au projet sont coincées à la douane et tout le matériel retenu en zone portuaire. N’ayant pas écouté les avertissements de l’ambassadeur américain et de son ex-collègue T.J., qui est devenu l’expert financier du chef d’état africain et se trouve contraint sous peine de mort de garder le silence sur ses magouilles, la star des fonds d’investissement éthiques et performants s’est empressé de signer les contrats avec le tyran. Malheureusement, il aurait du les écouter car le Président Kissi rompt les accords et cèdent les terres arables qui lui étaient promises aux Chinois. Sans compter que son binôme Joséphine, l’héritière des Hôtels Paxton, est repartie aux États-Unis, le laissant seul pour tout gérer. Ce qui n’est en soi peut-être pas plus mal ! Cependant, Franck ne se résigne pas et cherche comment retourner la situation à son avantage tout en étant conscient des risques qu’il court. D’autant plus que les troubles ont repris aux frontières et que son mentor – déchu – revient sur le devant de la scène !
Avec Mort au comptant, Tristan Roulot et Philippe Sabbah confirment bel et bien qu’ils ont mis Franck Carvale dans une sacrée situation et le malmènent jusqu’à la fin de ce nouvel opus. Et même au-delà car le « cliffhanger » final est sans équivoque quant à la suite de ses ennuis dans le prochain tome, Assassin financier. Cette deuxième partie du diptyque érythréen est très bien ficelée et probablement celle où il y a le plus d’action à proprement parler. Ce qui n’est pas pour nous déplaire. D’ailleurs, la couverture peut faire penser à un épisode de Mission Impossible. Les trames financière, plus légère que précédemment mais toujours aussi claire et intéressante, et scénaristique sont parfaitement équilibrées et « s’entre-dynamisent » dans un album une nouvelle fois très engagé. N’oublions pas que l’histoire se déroule en Érythrée, un des pays les plus pauvres d’Afrique qui est assez hermétique (bien qu’ayant des partenaires privilégiés comme la Chine), dirigé par un tyran et surtout souillé par le sang. Pays qui est aussi enclavé par des nations qui n’ont de cesse malheureusement de presser ses frontières comme l’Éthiopie, le Soudan et Djibouti. Au-delà de ces considérations, les scénaristes nous invitent à réfléchir sur les migrants et les causes de leur exil ainsi que sur les finances de l’humanitaire. La série n’en a pas fini de nous surprendre et de nous ouvrir les yeux sur le monde de la Finance. Si Hedge Fund nous embarque à chaque fois, c’est aussi grâce au dessin réaliste de Patrick Hénaff qui n’hésite pas à se faire plaisir avec des mises en scènes et des cadrages où cases allongées et plans rapprochés sont du meilleur effet. Une prestation graphique toujours aussi nette et incisive excellemment mise en valeur par le travail à la couleur de MiKl.
Un excellent album qui promet une suite des plus intéressantes.
Stéphane Girardot
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