Titre : Le Bonheur nuit gravement à la santé
Scénariste : Corbeyran
Dessinatrice : Alessia Fattore
Coloriste : Giulia Priori
Éditeur : Delcourt
Parution : Mars 2022
Prix : 15,50€
Après une épouvantable journée passée en famille, entre des oncles et des cousins qu’il ne voit que rarement et qui n’ont pas manqué de lui rappeler le peu de bien qu’ils pensaient de lui, Xavier est au bord du précipice. Une énième engueulade avec sa femme, qui claque la porte pour de bon, puis son licenciement suivent une aberrante scène dans le métro avec une jeune SDF. Seul et sans emploi, il pense alors à une cousine qui vantait les bienfaits de Happytech, une société promettant des méthodes pour atteindre le bonheur. Rapidement accepté, Xavier va suivre une formation au sein de cette boite aux méthodes opaques et à la publicité bien huilée…
« Chez Happytech, nous n’avons pas pour tâche de vous encourager à être optimistes, à avoir une vie spirituelle plus riche ou à être plus aimables… Notre job consiste à vous exposer les effets qui résultent de ces comportements! »
Avec cette nouvelle série, Corbeyran semble un peu sortir de sa zone de confort, tant on s’est habitué ces dernières années à le voir proposer des sagas familiales, des adaptations de romans ou de grandes aventures. Cette chronique urbaine contemporaine au propos acide détone donc dans sa bibliographie, ce qui ne manquera pas d’attirer l’attention. Ce premier tome pose donc les bases d’un discours amer sur la société, sur le monde de l’entreprise et ses méthodes de management. Le scénariste appuie un peu le trait dans cette satire, mais ceux qui connaissent les « bullshit jobs », les « team buildings » et autres grossièretés anglosaxonnes y discerneront une large part de véracité, quand la politique de la société Happytech rappellera également tous ces séminaires fumeux où des coachs font le jeu des patrons sous couverts de rhétoriques pour « winners ». Pour autant, tout est traité assez subtilement par l’intermédiaire du personnage de Xavier, ni vraiment attachant ni vraiment antipathique, et on ne sait pas encore sous quel angle sera menée la suite. Pour mettre en scène cet univers, Alessia Fattore propose un trait proche de l’animation, pas loin de la caricature parfois. La dessinatrice italienne appuie ainsi la dérision du sujet, non sans rester réaliste dans ses décors.
Une satire sociale plutôt amusante, souvent acide, dont on se demande quel chemin elle prendra dans les prochains tomes.
Arnaud Gueury
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