Titre : 1916 – Le Tas de briques
Scénariste : Régis Hautière
Storyboardeur : Damien Cuvillier
Dessinateur – Coloriste : Hardoc
Coloriste : David François
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2015
Prix : 13,95€
1916. Les Lulus avancent sans but précis en restant le plus possible à l’abri des sous-bois et évitent les chemins vicinaux de peur de tomber sur des soldats allemands ou encore d’être au cœur de l’apocalypse balistique promise par l’aviateur. Ils ne restent d’ailleurs pas plus de deux jours au même endroit. C’est ainsi qu’ils tombent par hasard sur la cabane du vieux et bourru Gaston. Un des rares sabotiers encore libre de ses mouvements qui les accueille un temps avant de leur conseiller de se rendre dans une grande ville comme Fourmies, Hirson ou encore Guise. Sur ses recommandations Luigi, Lucien, Ludwig, Lucas et Luce choisissent d’aller à Guise où selon lui de nombreux logements sont abandonnés et pourraient leur offrir un toit. Arrivés sur place, ils trouvent facilement un refuge. Mais alors qu’ils s’installent, Luigi se blesse à la jambe et nécessite les soins d’un médecin. Lucien prend alors la décision d’aller au « tas de briques », nom donné par les habitants au Familistère, où se trouve un service de santé. Cependant, les allemands en ont réquisitionné le rez-de-chaussée et le premier étage. Le jeu du « chat et de la souris » peut commencer !
La galère de la fuite continue pour les Lulus mais heureusement ils font de nouvelles et belles rencontres en route. En effet, Régis Hautière (Femmes en Résistance) met sur le chemin des orphelins deux personnages truculents, Gaston le sabotier et Gustave le jardinier du Familistère (qui parle ch’ti), qui vont les aider. Au-delà de l’avancée géographique, le scénariste fait aussi évoluer le caractère des enfants – qui grandissent – de manière très subtile et pose les prémices de l’attirance physique des garçons pour Luce. Cela donne d’ailleurs lieu à de petites prises de bec entre eux. Depuis le début, cette série est écrite avec beaucoup d’intelligence et cet épisode ne déroge pas à la règle. Nous en voulons pour preuve supplémentaire le développement du cas de conscience du militaire allemand qui expose ses regrets d’avoir tué autant de gens et ainsi enlevé leurs pères à des enfants. Pour rappeler que les soldats teutons n’étaient pas forcément tous mauvais. Vous apprécierez certainement le clin d’œil fait à De briques et de sang – le one-shot de Régis Hautière dessiné par David François – qui se déroule également au Familistère de Guise créé par l’industriel et philanthrope Jean-Baptiste-André Godin. Un nouvel opus riche que Hardoc illustre à merveille de son trait semi réaliste. Avec le soutien de Damien Cuvillier (Nuit noire sur Brest) au story-board, le dessinateur régale avec un dessin expressif à souhait et des décors soignés. Les character designs de Gaston et Gustave sont excellents. Tout comme, en fin d’album, celui du chef de gare qui ressemble étrangement à David François. Qui, soit dit en passant, réalise une chouette prestation à la couleur, à quatre mains avec Hardoc. Et en guise de bonus, vous trouverez en fin d’album les deux premières planches du quatrième tome et L’édition de 5 heures – Supplément illustré comprenant quelques surprises.
La série ne s’essouffle pas et, sans jamais sombrer dans le pathos, nous offre une nouvelle fois un grand plaisir de lecture. Une vraie réussite !
Stéphane Girardot
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