
© Editions 2024

- Titre(s) : Le Grand Vide
- Scénariste(s) - Dessinatrice(s) - Coloriste(s) : Léa Murawiec
- Editeur(s) : Éditions 2024
- Parution : Août 2021
- Prix : 25,00 €
- EAN : 9782901000709
Manel Naher est une jeune femme qui écume le rayon « aventure » d’une librairie en attendant de pouvoir quitter, avec son ami Ali, la « ville de fous » dans laquelle ils vivent… et de découvrir ce qui se trouve à l’extérieur de celle-ci, dans « le grand vide ». Mais « notre » Manel Naher découvre qu’une célébrité porte le même nom qu’elle, ce qui peut être dangereux pour le voyage. Surtout si, en plus, Manel perd son emploi.
« Vous vous appelez vraiment Manel Naher ?
– Oui, je crois que c’est assez évident.
– C’est fou ! Vous n’avez vraiment pas de chance. »
Venue de la scène fanzinesque, Léa Murawiec a aussi publié les opuscules Conspiration (2015) et, avec Krocui, Fabuleux vaisseaux (2018) chez Flûtiste, et le leporello Panique (dans la superbe collection Façade chez Polystyrène, 2018). Ces productions déjà nombreuses lui ont permis de bénéficier en 2019 d’une bourse et d’une résidence d’un an à la Maison des auteurs pour mener à bien son premier album grand format, Le Grand Vide, qu’elle avait commencé à concevoir, notamment inspirée par les rites décrits dans L’Histoire de la mort en Occident de Philippe Ariès ou L’Invention de Morel du romancier argentin Adolfo Bioy Casares, qui a notamment influencé la série télévisée Lost. Si l’autrice se spécialisait dans des strips humoristiques, qu’elle continue de proposer de façon mensuelle pour la revue Biscoto, Le Grand Vide est donc en apparence bien moins drôle avec son atmosphère étouffante. En effet, nous nous retrouvons plongés dans un univers oppressant où la population tente de survivre en accumulant de la « présence ». Présence dans l’esprit des autres et donc, évidemment, pour y parvenir, dans l’espace publicitaire et médiatique. L’autrice alterne décors foisonnants aux typographies variées, agrémentés de touches de rouge et de bleu, et planches monochromes dans un ensemble harmonieux mettant en valeur le dessin fluide à l’encre de Chine. Enfin, le jeu sur les perspectives, en particulier les vues plongeantes, crée un sentiment de vertige et même de chute, évocateur de la crainte de sombrer dans l’oubli. Autant dire que c’est à raison que vous avez vu cet album partout. On attend avec impatience de voir si Endurance, son projet de bande dessinée numérique interactive présenté en tant que projet de fin d’études, verra le jour.
Un véritable coup de cœur et une autrice à suivre.
Chloé Lucidarme
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