On ne présente plus Fred Besson, coloriste de son état depuis environ 15 ans. Son nom apparait aux côtés des plus grands : Francq, Crisse, Tarquin, Paty, Donsimoni et j’en passe. Mais que fait précisément un coloriste à part teindre les cheveux en violet des personnes du 3ème âge ?
Fred Besson, né le 25 août 1972 et passionné de bandes dessinées depuis son plus jeune âge, est entré à l’Ecole d’Arts Pivaut de Nantes, section graphisme publicitaire, et y a suivi 3 ans d’enseignement à la gouache, feutres, crayons de couleurs, acrylique… d’où il est ressorti avec son diplôme mais pas totalement armé. Ayant une réelle envie de travailler dans le milieu de la BD, et après d’infructueux envois de dossiers en tant que dessinateur et coloriste, il s’est fait engager chez Soleil en tant que coloriste seul. L’aventure commence là… avec un PC et « un vieux Photoshop tout pourri » (dixit Fred). La couleur traditionnelle, cela fait longtemps qu’il n’y a pas touché. Il va cependant s’y remettre pour exécuter un dessin destiné au futur gagnant du prix de Blois reçu cette année par Fred pour Kalimbo.
Selon Fred, son travail sert à rendre la BD lisible pour le lecteur avec un souci d’esthétique et de logique. Mission pas toujours évidente selon les auteurs avec lesquels il peut collaborer. Certains laissent une marge de manœuvre assez large, offrant la part belle à la propre créativité du coloriste, tandis que d’autres ont des exigences qui peuvent devenir extrêmes. Rares sont ces derniers. En tout état de cause, il avoue avoir pris énormément de plaisir à travailler sur chacun de ses projets et aimerait en reprendre un petit peu (gourmand !) avec Loisel, entre autres. Et une bouteille à la mer, une !
Une heure après son réveil (à 14h !), Fred est prêt à attaquer sa journée qui pourra durer jusqu’à 6h du matin. Il a besoin en moyenne d’une journée pour terminer une planche. Il lui faut donc à peu près deux mois pour un album complet. Il admet que l’avenir de son métier est quelque peu remis en cause, de par la chute des ventes (crise oblige) d’une part, et de par l’essor du numérique et donc d’une évolution « naturelle » de la fonction du coloriste d’autre part. Le nouveau modèle de bande dessinée adaptée aux tablettes (et à tout support autre que le papier) doit être bon marché, interactif sans pour autant être de l’animation ni perdre en qualité narrative. Le lecteur est aujourd’hui bombardé d’images de synthèse, de couleurs et d’effets spéciaux : le retour en arrière est donc impossible. Pour autant, Fred ne voit vraiment pas son métier disparaître. Il le voit changer, mais toujours rester essentiel.
Son premier conseil donné à un jeune coloriste en devenir est de regarder ce qui est déjà existant et qui plait, travailler sa culture visuelle et utiliser ces modèles pour apprendre les harmonies. Dans un second temps, envoyer des tonnes de dossiers aux éditeurs, puisqu’ils sont le marché de l’emploi, les rencontrer sur les salons pour multiplier ses chances de signer un contrat. Et enfin, être toujours, toujours, à l’écoute des auteurs et tenir ses délais ! Voilà donc les clefs de la réussite.
Alors à toi de jouer petit coloriste en herbe !
Nadège Chrispeels
Réagissez !
Pas de réponses à “Fred Besson, coloriste”