
© 2017 Editions Delcourt
Titre : Fondu au noir
Scénariste : Ed Brubaker
Dessinateur : Sean Phillips
Coloriste : Elizabeth Breitweiser
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : Novembre 2017
Prix : 39,95€
Hollywood, 1948. Charlie Parish peine à rassembler ses idées le lendemain d’une fête où l’alcool a coulé à flots. Mais la découverte près de lui du cadavre de Valeria Sommers, la vedette de son studio, le fait vite dessoûler. Après avoir effacé les traces puis repris le travail comme si de rien n’était, Charlie est convoqué par le chef de la sécurité qui l’informe du suicide de Val. Il comprend alors que les circonstances exactes de sa mort ne seront jamais connues. Mais comment s’en émouvoir quand on le somme de réécrire le film en cours de tournage pour une autre starlette ? Et qu’il doit cacher que, depuis son retour de la guerre, il est incapable d’écrire quoi que ce soit et doit compter sur l’aide d’un ami, mis sur la liste noire ?
A travers ce polar noir dont le style correspond parfaitement aux thématiques qui lui tiennent à cœur, Ed Brubaker rend aussi un hommage sincère à son oncle, John Paxton, grand scénariste de l’âge d’or d’Hollywood et du film noir des années 40 et 50. Avec ce ton cynique et désabusé qui lui est presque indissociable, l’auteur livre un album d’une épaisseur et d’une complexité magnifiques, digne des meilleurs romans du genre. Les personnages se croisent et se télescopent, entre secrets et non-dits, avec une dénonciation des méthodes crapuleuses et ignobles qui dénotaient avec les paillettes qu’Hollywood lançaient à la face du monde. On serait tenté de dire « typique de l’époque », mais les récentes révélations d’actrices en vue laissent croire que certaines pratiques n’ont pas changé. Fidèle collaborateur d’Ed Brubaker, l’excellent Sean Phillips apporte tout son talent à cet album qu’on croirait fait pour lui, tant son trait excelle à créer des ambiances pesantes, d’autant plus lorsqu’il est associé à la coloriste Elizabeth Breitweiser.
Un album exceptionnel (plus de 350 pages !) qui rend hommage à certains hommes et dénonce avec talent les travers d’Hollywoodland.
Arnaud Gueury
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