Titre : Fight Club 2
Scénariste : Chuck Palahniuk
Dessinateur : Cameron Stewart
Coloriste : Dave Stewart
Éditeur : Super 8
Parution : Avril 2016
Prix : 25€
Dix ans ont passé depuis que « Sebastian » a temporairement vaincu son double schizophrénique. Après un long passage en hôpital psychiatrique, anesthésié de toute émotion par les médicaments, il a repris une vie presque normale après avoir épousé Marla et vu la naissance de son fils, Junior. Une vie clairement chiante. Aussi Marla décide-t-elle de faire revenir Tyler Durden par petites doses en coupant les gélules avec du sucre. Mais le grand ordonnateur du Projet Chaos n’a jamais été loin. A peine revenu en piste, il reprend les rennes du Fight Club. Cette fois, il ne s’agit plus de dynamiter la société, mais bien de supprimer toute l’humanité…
Vingt ans après son roman, rapidement porté à l’écran par David Fincher pour une adaptation décriée mais culte, Chuck Palahniuk a lui-même choisi la bande dessinée pour offrir une suite à son récit. Ce nouvel exercice semble lui avoir plu puisqu’il envisagerait un troisième épisode des mésaventures de ses héros. Et, effectivement, l’écrivain a parfaitement su appréhender le format, qui laisse certaines libertés créatives qu’un livre ne possède pas. Habile dans le découpage et la structure même de l’album, il s’autorise des digressions, des fantaisies et même sa propre mise en scène en cours d’écriture ! Cette apparition de l’auteur dans les pages de la BD, mêlée à l’intrigue et aux personnages jusqu’à une conclusion surprenante, n’est que la partie la plus visible de ce nouveau délire. Chuck Palahniuk est connu pour sa façon d’écrire bien à lui, et l’excellent Cameron Stewart parvient à suivre cette manière de faire originale et parfois déstructurée. On pourra toutefois regretter une vision moins mordante de la société, une critique moins acerbe des codes modernes, quelques passages « WTF? » – les enfants atteints de progéria, le zombie Bob Paulson, la vraie (?) nature de Tyler – et une fin totalement en roue libre qui laissera pantois et interrogatif (pour autant qu’il y ait vraiment une intention de l’auteur de vouloir laisser comprendre quelque chose). On notera le flair des jeunes éditions Super 8 pour avoir proposé ce somptueux album un mois seulement après la fin de la parution américaine.
En laissant la noirceur au vestiaire pour s’amuser autour d’éléments plus fantastiques et ubuesques, Chuck Palahniuk montre un autre visage, moins sérieux mais toujours aussi unique. Aux lecteurs de se faire un avis sur la question d’une évolution positive ou non de son style.
Arnaud Gueury
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