- Titre(s) : Fidji
- Scénariste(s) : Jean-Luc Cano
- Dessinateur(s) : Pierre-Denis Goux
- Coloriste(s) : Julia Pinchuk
- Editeur(s) : Delcourt
- Collection : Mirages
- Parution : Avril 2024
- Prix : 22,95 €
- EAN : 9782413085409
Alors qu’il est sur le point d’acheter un appartement en plein Paris avec sa compagne et que son beau-père l’a à la bonne au point de lui confier un bon emploi, Vincent a l’esprit ailleurs. Son ancienne vie, tumultueuse et remplie de conneries, lui manque et le fait que son pote d’enfance soit parti depuis un an lui pèse. Le retour surprise de Sam va d’ailleurs le ramener sur cette pente glissante, au cours d’un road trip plein de fureur sur la route de Biarritz. Ce périple libérateur permettra-t-il à Vincent de renouer avec ce qu’il était avant ou d’enfin assumer sa nouvelle vie ?
« J’ai bien réfléchi. C’est toi qui as raison. Quitte à faire ce voyage, autant en profiter. Terminé le GPS, finie l’autoroute ; on prend les chemins de traverse. »
S’il se fait assez rare en bande dessinée, Jean-Luc Cano sait s’attacher à des projets intéressants. Aux commandes de celui-ci, il brosse le portrait d’un jeune homme à un tournant de sa vie, tiraillé entre un passé plein de fureur et de rêves et un avenir plus conventionnel mais apaisant. Dans ce projet qui semble très personnel, le scénariste n’hésite pas à pousser les curseurs assez loin, parfois à la limite du vraisemblable. Si le twist final peut se griller assez tôt, ce qui atténue sa portée – on conseillera donc de ne pas trop réfléchir à la chute en cours de lecture pour se laisser porter – et empêche un peu une seconde lecture, la sincérité du propos transpire dans chaque planche. Le message voulu est limpide, franc et honnête, avec la volonté de toucher plusieurs publics (sans doute plus âgés que le protagoniste au vu des références disséminées). Si ce road trip fonctionne plutôt bien, il est toutefois légèrement handicapé par le trop plein d’énergie que les auteurs y mettent. L’intrigue aurait mérité davantage de passages plus sereins et introspectifs, d’autant que Pierre-Denis Goux, pour une fois loin de ses univers de fantasy, n’est pas avare en effets qui accentuent cette sensation de fuite en avant sans arrêt possible. C’est évidemment tout le fond du récit mais cela se révèle parfois épuisant. L’exercice est tout de même spectaculaire et montre une autre facette de son talent, que l’on a hâte de découvrir sur d’autres projets de ce type. Car son trait, avec un peu plus de retenue et toujours combiné aux superbes couleurs de Julia Pinchuk, possède ce truc en plus qui fait les grands dessinateurs.
Un voyage introspectif plein de fureur et de sens qui propose une belle réflexion sur la vie.
Arnaud Gueury
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