Titre : La Chrysalide
Scénariste : Iah-hel
Dessinateur – Coloriste : Virginio Vona
Éditeur : Fenice
Parution : Septembre 2014
Prix : 17€
Dans un Paris futuriste où la lumière omniprésente n’a plus rien de naturel, où la commercialisation est poussée à son paroxysme et l’individu réduit à un simple numéro, l’autorité omnipotente, dénommée « ça », est dotée de moyens technologiques permettant de tout contrôler. C’est pourtant à la veille de Noël que Fenice, notre héros insoumis, va croiser la route de prétendus rebelles au Régime. Seul hic, parmi eux, une petite fille.
En dehors des rencontres explosives que fait Fenice dans ce tome -2, notre héros semble avoir changé. Habitués à un héros prenant des décisions de vie ou de mort aussi unilatérales que brutales, nous découvrons ici avec grande surprise les premiers doutes de Fenice, qui pour la première fois de son immortelle existence se pose des questions quant au manque de réflexion de ses décisions et la justice rendue par ses actes. Une prise de conscience s’opère, très certainement amorcée par sa rencontre avec Smoljanovic dans le précédent tome, et qui le perturbe encore. Cet aspect humanisant de Fenice nous rapproche enfin de ce personnage que l’on croyait n’être qu’une simple machine à tuer, une âme non-intéressée par son passé et préférant se droguer au café, errant sans destination. C’est très bien vu de la part de Iah-Hel qui approfondit sa réflexion à la fois noire et poétique sur la condition humaine et met en danger le héros, par ses doutes et sa prise de recul. Un trait bien humain, qui nous distingue de l’animal. Un grand cap est franchi car ces mêmes doutes amèneront Fenice à en apprendre enfin un peu sur la vie de son peuple, sur sa propre histoire, et sur la quête qu’il doit mener pour l’humanité. Fidèles à eux-mêmes, les deux auteurs prouvent une fois de plus, dans leur expression, au travers de jeux de mots incisifs, de prises de vues propices à la réflexion, et grâce à un dessin toujours plus maîtrisé et précis, qu’ils dominent parfaitement leur sujet et jouent à la perfection le contraste de la brutalité spontanée et de la réflexion poétique pour en faire un tout harmonieux. Le lecteur s’enivre jusqu’à réfléchir sur sa propre condition… « Il n’y a que la réalité de nos choix…pas de hasard. ».
Une suite particulièrement riche qui profite des planches toujours aussi expressives de l’artiste peintre Virginio Vona. Après avoir posé les bases d’un scénario hors du commun, le duo d’auteurs a pris son rythme, ce qui laisse rêveur pour la suite de l’aventure !
Nicolas Davy
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