
© 2021 Le Lombard
Titre : La Fée assassine
Scénariste : Sylvie Roge
Dessinateur – Coloriste : Olivier Grenson
Éditeur : Le Lombard
Parution : Février 2021
Prix : 22,50€
Paris, 24 décembre 2006. Fanny finit ses achats afin de préparer le repas de Noël et elle préférerait être ailleurs à ce moment précis. Son compagnon étant de garde à l’hôpital, elle a invité sa sœur jumelle Tania pour le réveillon. Cette dernière ne voulant pas laisser seule leur mère, Fanny a été obligée de les convier toutes les deux. Connaissant sa génitrice, cela ne sera pas une partie de plaisir ! Elle sait déjà qu’elle passera une soirée difficile malgré la période de fêtes car elle devra en subir la méchanceté. La goutte d’eau qui va faire déborder un vase déjà trop plein ! C’est avec stupéfaction que son mari retrouve Fanny en pleine nuit au commissariat alors qu’elle est en garde à vue pour le meurtre de ses deux invitées. Pour préparer sa défense, son avocat lui demande de tout lui raconter dans les moindres détails. De son enfance sans père, avec une mère qui ne voulait pas d’elle et de sa sœur et ne les a jamais aimées, jusqu’à cette terrible tragédie.
Malgré un format complètement différent et un récit au thème qui l’est tout autant, l’après Niklos Koda se passe parfaitement bien pour Olivier Grenson. Le dessinateur revient en force et plus que jamais en forme avec ce roman graphique où il magnifie les propos de Sylvie Roge, sa compagne à la ville, qui présente avec La Fée assassine son premier scénario de bande dessinée. Secrétaire dans le milieu médical (gynécologie et pédiatrie), l’auteure traduit ici son envie de parler de sujets sociétaux qu’elle rencontre ou a rencontrés au quotidien : gémellité, désir ou non d’enfant, amour filial, maltraitance physique et/ou psychologique familiale. Force est de constater que nous sommes une nouvelle fois cueillis par une œuvre très forte à laquelle on ne s’attendait pas ! Ce drame familial et psychologique de 182 planches est parfaitement écrit et composé de neuf chapitres équilibrés où la tension est palpable et monte crescendo. Le lecteur ressent les émotions des jumelles ainsi que celles de leur mère, que l’on peut comparer à une méchante marâtre de contes, et l’on comprend le geste de Fanny sans l’excuser. On sait d’emblée qu’elle est la meurtrière et la scénariste s’attache à mettre en lumière les circonstances atténuantes d’un tel acte. Que dire de l’amour inconditionnel et sincère de Louis, le frère de Cécilia, et sa compagne Pauli pour les filles. Pour en faire une retranscription de plus marquantes, Olivier Grenson a posé un lavis monochrome – un sépia, un peu sable – sur les crayonnés de départ et est revenu dessus avec des crayons de couleurs pour leur donner de la matière et une résonance. Une approche qui rend bien évidente la présence parcimonieuse et récurrente de la couleur rouge tout au long des pages (les boules de Noël, les imperméables, le fauteuil de cuir du coiffeur, un certain anorak, les bonnets et maillots de bains, les ballons…). De manière répétée, les jumelles sont représentées en position fœtale à différents âges pour insister sur la force de leur attachement. Une prestation tout aussi forte et parlante que les écrits où les paroles de Back to black, Love is a losing game d’Amy Winehouse et L’Adieu de Guillaume Apollinaire s’invitent judicieusement.
Une belle plume parfaitement mise en valeur par une technique graphique remarquable ! Une œuvre à lire sans faute !
Stéphane Girardot
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