Titre : Family Life
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jacques Louis
Éditeur : Dupuis
Collection : Grand public
Parution : Août 2020
Prix : 13,50€
C’est l’histoire d’un auteur de BD qui n’arrive plus à trouver l’inspiration. Et si, finalement, au lieu de chercher à inventer de toute pièce un univers, il s’inspirait de sa propre vie de famille ? Même s’il peine à se laisser convaincre par cette nouvelle expérience un peu mégalo, c’est l’option qui va finir par s’imposer. Pour le plus grand bonheur de son éditeur mais aussi des lecteurs ? C’est bien possible. Il faut dire que Céline, Jacques et leurs enfants, Mélanie et Cathy, ont assez de caractère et d’esprit d’aventure pour divertir les foules sans besoin d’inventer des dinosaures terrifiants ou des marins alcooliques !
Au risque de gagner le prix de la « chronique la moins inspirée de tous les temps », cédons à l’envie d’écrire, comme le feront probablement tous les collègues, que l’on tient ici un album à la fois drôle et émouvant. La sentence est un peu convenue mais ce livre se vit plus qu’il ne s’analyse. Le premier ressenti est le plaisir car l’humour est très efficace et ne tombe pas dans la facilité de certains récits autobiographiques. Ici, on sent que la réalité est déformée pour bien correspondre à l’esprit BD. Les parents reconnaîtront moult situations cocasses de leur quotidien, et ceux qui n’ont pas d’enfants comme certains chroniqueurs BD en train d’écrire cette phrase, se gausseront d’autant plus qu’ils sont heureux d’échapper à certains moment gênants ou fatigants (bien que quelques-uns fonctionnent aussi avec seulement un chat à la maison). Le second ressenti est bien plus émouvant car, derrière cette démarche d’auteur, se cache un drame familial, révélé dans l’album, qui rend le tout bien plus profond que la légèreté supposée de départ. Bon nombre d’auteurs de BD ont eu des épisodes dépressifs plus ou moins sévères et s’en sont sortis en produisant des chefs-d’œuvre, les plus connus étant Franquin et Hergé. Ici pas (trop) d’idées noires ni d’aventure au Tibet, Jacques Louis, en toute modestie, s’inspire de son environnement familial et fait sa thérapie. Loin d’être ennuyeuse, elle s’avère brillante et ne peut susciter que notre admiration. Tout le monde n’y arriverait pas mais l’auteur a eu le talent nécessaire : de belles séquences, un dessin très expressif et des couleurs sobres et élégantes, harmonieusement condensées dans 96 pages à l’italienne. Bravo. Ce projet Family Life était indubitablement une bonne idée.
Une franche réussite que cette adaptation d’une vie de famille sur papier.
Nicolas Raduget
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