
© 2017 Casterman
Titre : Où l’auteur découvre que le sexe des filles n’a pas la forme d’un x…
Scénariste – Dessinateur : Jean-Louis Tripp
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2017
Prix : 22€
Jean-Louis Tripp nous raconte sa sexualité sans faux semblants, ni langue de bois. Ainsi au commencement, il y a les premières sensations bizarres de petit JeanLouis lorsque Dorothée Scheffer passe trois mois dans sa classe de CM1. Parce qu’elle a de meilleures notes, il l’admire et qu’après les grandes vacances, elle émigre en Australie. Cela le rend triste et il pleure. Puis viennent les premières érections en pensant à Pili Martinez et surtout l’Angleterre et les « french kisses » avec les langues qui s’entremêlent. S’ensuivent, en mémoire de Beth, les touchés de « quique » qui mènent à la première éjaculation et la découverte d’une plénitude jusque-là insoupçonnable. Ensuite, l’expérience avec Véronique Demot permet à petit JeanLouis de découvrir que le sexe des filles n’a pas la forme d’un X comme l’affirmait son copain Michel Roquette. Eh oui, il a pu la « tchaoupiner » ! Et par la suite, d’autres lavandières, comme elles sont joliment nommées, se succèdent ainsi que bien des branlettes avant la sortie au ski organisée par le centre socio-culturel du lycée et la princesse Caroline avec laquelle Jean-Louis explore bien des choses en matière de sexe.
En préambule à cette chronique, notez que ceux qui ont eu le nez de lire le premier numéro du magazine Pandora ont déjà eu avant-goût de cet ouvrage car les pages 11 à 29 d’Extases y ont été publiées sous le titre évocateur de Secousse. Le premier tome de cette BD qui s’annonce comme étant un roman graphique autobiographique et très intimiste, en plusieurs parties, est des plus prodigieux et « couillus » ! Non pas parce qu’il y a des « quiques », des « moules » et des seins dessinés, mais tout simplement parce que l’auteur parle de son parcours sexuel en toute simplicité et avec courage. Énormément de courage car il raconte tout, même certaines facettes inavouables. Jean-Louis Tripp le fait également avec respect pour ses partenaires mais aussi beaucoup d’humour et d’autodérision en ce qui le concerne. Et non, il ne s’agit pas d’une succession de scènes hard sans fondement. Absolument pas ! Un changement radical après dix ans passés dans l’univers de Magasin Général en compagnie de Régis Loisel. La lecture d’Extases est un vrai petit bonheur – et, soyons honnêtes, c’est émoustillant – où les 268 pages se dévorent littéralement. Ce qui rend cet album remarquable, ce sont les dimensions métaphysique et psychologique mises en avant lors des contacts charnels via de nombreux questionnements afin de montrer que l’Homme est capable de penser avec autre chose que sa bite pour reprendre une expression fréquemment utilisée. Que dire également du choc émotionnel provoqué lors de l’évocation du décès du frère de l’auteur ! Une œuvre, une madeleine de Proust où l’identification aux personnages, que ce soit pour un homme ou une femme, est naturelle. Au fur et à mesure de la narration fournie en vocabulaire spécifique et personnalisé, grand JeanLouis utilise la troisième personne puis laisse la place à la première au moment où il tombe amoureux de Caroline. Nous ne vous quitterons pas sans un petit mot sur un personnage assez déjanté et délirant, qui apparaît lorsque l’ennui s’immisce dans son couple, le satyre à grosse bite… excellent ! La conscience de l’auteur ? Et si vous vous posez la question, sachez que la lecture peut être conseillée à partir de quinze ans. Et le dessin dans tout cela ? Le noir et blanc sert magnifiquement ce récit où le trait sait être tour à tour joyeux, sensuel, grave, drôle et extatique.
À lire, à relire, à partager, à offrir, à encenser sans hésitation aucune ! Et en étant un peu trivial certes, disons que la lecture d’Extases est un « Tripp » jouissif.
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Extases #1”
3 décembre 2018
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