Titre : Tome 1
Scénariste : Brandon Thomas
Dessinateur : Khary Randolph
Coloriste : Emilio Lopez
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : Mai 2021
Prix : 15,95€
Lorsque son fils Spencer naît, Raymond Dales est empli d’une fierté légitime, renforcée par la perspective de voir sa famille forte pour l’avenir, car elle fait partie des principales de l’Egide, une société secrète de magiciens qui veille dans l’ombre à la protection des humains qui pourront changer le monde. Hélas, l’enfant grandit sans montrer de grandes dispositions, attirant sur lui les regards mauvais et dubitatifs et la honte de son père. Sa colère va toutefois lui permettre de rattraper son retard, mais elle va s’accumuler contre les siens et le pousser à briser toutes les règles. Devenu un magicien puissant mais toujours sur le fil du rasoir, Spencer va franchir la ligne blanche…
« Souviens-toi pourquoi nous sommes tous là. Pourquoi nous l’avons toujours été. De nos mains invisibles… nous les guidons… nous les menons… de génération en génération. Nos dons sont le bouclier de ce monde… ces dons que n’ont que les méritants. »
Avec cette série centrée sur une mystérieuse et bienveillante communauté de magiciens noirs, Brandon Thomas avait l’occasion d’interroger la place des siens dans l’Histoire de l’humanité. Ses héros discrets, volontairement placés en marge de leurs contemporains mais agissant sur leur destin, étaient parfaits pour rappeler que les Afro-Américains – car l’intrigue ne dépasse hélas jamais les frontières du pays – ont joué leur rôle dans la construction politique, culturelle et artistique de la nation. Malheureusement, le scénariste abandonne très vite le fond de son récit pour se concentrer sur un personnage principal fade, caricatural et prévisible. Plus étoffé dans son look de rappeur mono-expressif (les sourcils froncés sont quasiment sa seule posture), Spencer accumule les clichés de l’héritier maudit qui brise les tabous, remet l’ordre en question et blesse ses proches pour sans doute faire évoluer plus tard son environnement vers plus de modernité. Mais cet affrontement père/fils tourne à vide et gâche le potentiel de cette série, dessinée avec soin et énergie par Khary Randolph. L’artiste américain s’implique dans ce projet sans doute très personnel, relevant le niveau de l’album mais ne rattrapant pas seul une bonne idée oubliée en route.
Une nouvelle série très contemporaine dans son ton et son style, mais pas à la hauteur de ce qu’elle aurait pu être.
Arnaud Gueury
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