Titre : Even
Scénariste : Zidrou
Dessinateur – Coloriste : Alexei Kispredilov
Éditeur : Delcourt
Parution : Juin 2021
Prix : 18,95€
Agréé par le Ministère de la Santé de la Communauté Européenne, l’Erospital de Montpellier propose des services sexuels supervisés par les plus grands spécialistes. Pour se libérer des tensions ou suivre une thérapie imposée, les clients se bousculent dans la clinique gérée par le docteur Sidibé. Pour Frederico Belinsky, c’est le seul moyen de se rappeler sa femme, biochimiste à l’institut morte dans des conditions troublantes. Une journaliste enquête d’ailleurs sur sa disparition, soupçonnant l’éventuelle implication du grand patron, ce qu’une femme de ménage, catégorisée par la société parmi les « moches » et obsédée par Fred, se propose de lui prouver…
« Elargir le champ de la santé publique à l’intimité sexuelle du citoyen n’a qu’un seul but: améliorer son bien-être socio-affectif et celui de la société toute entière.
– En êtes-vous si sûr? Le contrôle de l’intime… tous les pouvoirs, toutes les religions en ont rêvé. »
Après s’être révélé sur des séries jeunesse humoristiques comme L’Elève Ducobu, puis être devenu le repreneur de plusieurs titres emblématiques de la bande dessinée franco-belge, Zidrou s’est grandement diversifié en s’essayant à des registres plus matures et atypiques. Si ces one shots montrent une nouvelle facette de son talent et des influences diverses, le résultat est parfois mitigé et le message déroutant. Even se place ainsi plutôt dans le sillage d’œuvres aussi dérangeantes qu’énigmatiques telles que La Petite Souriante ou L’Instant d’après. Ici, ce n’est pas le final, bien qu’anti-spectaculaire, qui laisse coi, mais plutôt le déroulement d’une intrigue qui pose de bonnes questions mais n’exploite pas vraiment ses idées : la séparation entre beaux et moches n’apporte pour ainsi dire rien à l’histoire, l’enquête journalistique n’est qu’une diversion scénaristique ne menant à rien et l’Erospital ne sert souvent qu’à accumuler des scènes graveleuses superflues. A vouloir choquer ou surprendre, le scénariste oublie un peu l’essentiel. Dommage, car Alexeï Kispredilov, avec qui il avait déjà réalisé le très bon Rosko, offre une véritable proposition graphique cohérente et originale. Son style se coordonne parfaitement au ton voulu et tient cet aspect dérangeant jusqu’à la conclusion.
Un album bizarre, plus convaincant dans son côté provocateur que dans son récit partant dans tous les sens.
Arnaud Gueury
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