- Titre(s) : L’Espion d’Orient – Johann Ludwig Burckhardt et Pétra, la cité perdue
- Scénariste(s) : Danièle Masse
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Alexis Vitrebert
- Editeur(s) : Delcourt
- Collection : Mirages
- Parution : Janvier 2024
- Prix : 19,99 €
- EAN : 9782413038207
Début du XIXe siècle. Loin de sa Suisse natale, Johann Ludwig Burckhardt est venu tenter sa chance en Angleterre, où il espère pouvoir échapper aux difficultés économiques de son pays. Mais son nouveau foyer subit la guerre contre Napoléon et la situation s’en ressent à Londres. Dans une impasse malgré ses lettres de recommandation, le jeune homme est sur le point de se résoudre à revenir au domaine familial quand l’opportunité d’ouvrir des voies commerciales en Afrique se présente. Malgré les risques, il accepte de se mettre au service des Anglais. Pour se préparer et passer pour un voyageur musulman aux yeux des autochtones, il parfait ses connaissances de l’Islam avant de partir. Un long périple s’ouvre à lui…
« Tu deviens un véritable érudit, Cheikh! Tu comprends mieux notre langue que tous les imams de Syrie! Et tu te rapproches de Dieu chaque jour un peu plus… »
Si beaucoup de lecteurs connaissent la cité perdue de Pétra ou les temples d’Abou Simbel, peu sauront sans doute que les deux fabuleux monuments ont été redécouvertes et recensés – en Occident – par le même homme, un aventurier suisse travaillant en secret pour le compte de l’Angleterre et seulement présent dans cette région arabe pour préparer un voyage aux sources du Niger… qu’il n’aura pas l’occasion d’entreprendre. Son histoire hors normes, plutôt brève, méritait bien un album pour être relatée dans toute sa dimension historique, épique et humaine. Mais on ressort de la lecture un peu dérangé par l’absence de point de vue sur ce personnage dont on ne retient que le besoin de se fondre dans la population musulmane sans vraiment comprendre ses intentions. Sans doute limitée par le manque de documentation sur lui, Danièle Masse survole un peu ses découvertes majeures et son véritable ressenti sur cette partie du monde en plein changement. Ainsi, son étude de l’islam est-elle opportuniste ou sincère ? Les anecdotes sont marquantes mais il manque de l’émotion, de la grandeur et du souffle pour s’enthousiasmer. La partie graphique est beaucoup plus convaincante, tant Alexis Vitrebert parvient à redonner vie à ce tumulte de civilisations et ces décors exceptionnels. D’un trait subtil et d’une colorisation pleine de finesse, il parvient à varier les ambiances de manière exceptionnelle. L’expressivité des personnages, la précision des paysages et des villes, la sensation de chaleur écrasante ou l’isolement dans le désert, tout est admirablement rendu.
Une biographie qui manque un peu de corps et d’un point de vue plus franc, mais révèle le talent d’un fabuleux dessinateur.
Arnaud Gueury
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