
© 2018 Casterman
Titre : Tome 2
Scénariste – Dessinateur : Ludovic Debeurme
Coloriste : Fanny Michaëlis
Éditeur : Casterman
Parution : Mai 2018
Prix : 23€
Malgré la violence qu’il ressent et qui se développe en lui un peu plus chaque jour à l’égard de son père David, Koji prend le parti de le défendre en affrontant le Pig. Le duel n’est pas à son avantage même si sa rapidité surprend son congénère à quelques reprises. Il ne doit d’ailleurs la vie sauve qu’à l’intervention de Hard Bee. Prisonniers dans leur propre maison des mixbodies, qui n’aiment pas ce terme et entre eux s’appellent les Epiphanians, David et Koji attendent de savoir ce qu’il va advenir d’eux. En ce qui concerne Koji, les choses sont claires. Ils veulent le rallier à leur cause afin qu’il les suive dans leur mission : atteindre les météorites tombées lors de la « Grande Vague » pour trouver des réponses. Le jeune Epiphanian se laisse convaincre et part avec eux, laissant son père derrière lui dans le seul but de le protéger et d’éviter de lui faire du mal. Un périple au cours duquel il découvre l’amour avec Hard Bee, comment les siens sont traités dans les camps et qui aboutit à un déchaînement de violence hors normes. Qu’adviendra-t-il des Epiphanians ? Qu’adviendra-t-il des humains ?
Après un premier album plébiscité par l’ensemble de la presse spécialisée et axé sur des thèmes comme le couple en déclin (David et Jeanne) ou encore la mono-parentalité (David, père célibataire de Koji), Ludovic Debeurme (Un père vertueux) poursuit le développement de son récit dystopique avec ce deuxième volet où un déferlement de violence vient s’abattre sur la race humaine. En effet, on passe de la révolte aux attaques ciblées puis aux attentats organisés par les Epiphanians. On ne sait toujours pas d’où ils viennent ou bien, si quelqu’un les a créés. Mais ce qui est certain, c’est le fait qu’ils vouent une haine viscérale pour l’Homme et veulent le punir… du mal qu’il fait à la Terre (le sujet de la biodiversité est largement abordé). Ou bien, lui délivrer un message qu’il ne pourra pas oublié ? Dans cette suite, exit le duo père/fils pour passer au groupe en tant que famille. Koji rejoint ses congénères avec des doutes quant à la violence extrême dont font preuve le Pig d’abord et plus tard, Vespero. Ils sont radicaux et cela à cause de leurs vécus respectifs : dans les camps de concentration et/ou de migrants pour le premier et dans un laboratoire afin d’y subir des expériences terribles pour le second. Et puis, il y a cette lumière lorsque l’amour unit Koji et Hard Bee. Naissent ainsi deux paires (le Pig/Vespero – Koji/Hard Bee) qui, comme le Yin et Yang, s’équilibrent mais montrent une scission dans cette nouvelle famille où les autres suivent. L’auteur nous sert donc une histoire vraiment très intelligente qui nous questionne sur de nombreux points à travers cette diversité de personnages hauts en couleur. Il y a encore beaucoup à dire mais le mieux est de lire cette excellente série fantastique et glaçante. Un mot sur le graphisme qui est tout aussi marquant que l’écrit. Chaque protagoniste dégage réellement et parfaitement ce qu’il est. Le meilleur exemple en est certainement Koji avec cette « gueule d’ange » et ses cornes qui reflètent sa violence, ses interrogations, et sa volonté de trouver une issue moins rude à la situation. Une prestation de qualité pleine d’émotions et d’ambiances diverses que la mise en couleurs aux teintes très particulières et ô combien efficaces de Fanny Michaëlis met très bien en exergue.
Les Epiphanians feront-ils disparaître les humains jusqu’au dernier ? La Terre deviendra-t-elle Epiphania comme le laisse penser le titre ? Réponse dans le tome 3 si nous sommes encore là pour le voir !
Stéphane Girardot
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