Quand les plus grands noms de la bande dessinée contemporaine s’initient aux techniques de l’estampe, cela donne des oeuvres multiples et pourtant uniques. Qu’il s’agisse de lithographie (sur une pierre calcaire) ou de gravure en taille douce (sur une plaque de métal), cette exposition met en lumière des procédés techniques artisanaux. Entre le dessin original et l’album imprimé, des auteurs tels que Art Spiegelman, Blutch, Christophe Blain, Emmanuel Guibert, Nicolas de Crécy ou encore Winshluss se sont prêtés au jeu, en adaptant leur art aux contraintes techniques de ces procédés traditionnels. L’exposition Empreintes graphiques, visible au Pulp Festival 2019, a pour but de montrer ces rares artistes qui naviguent entre la bande dessinée et les autres arts. Tiraillés entre la narration graphique et le dessin pur, leurs carrières suivent deux lignes parallèles qui se rejoignent et se distendent en permanence. Au travers de la collection d’estampes réalisée par MEL Publisher, on découvre des parcours singuliers mais similaires entres tous ces artistes animés par la passion du dessin. Ils portent tour à tour un regard sur eux (introspectif et imaginaire), sur l’autre (portraits) et sur le monde (paysages). Les contraintes techniques de l’estampe renforcent cette homogénéité. Cette exposition dévoile également les coulisses de cet artisanat d’art en présentant des presses, des pierres, des cuivres et des épreuves d’essai ainsi que des films relatifs à chaque technique. Le public assistera en direct durant le week-end du festival à l’impression de lithographies originales réalisées par un artisan spécialisé. Mises en vente entre 20€ et 50€, elles pourront être rehaussées et dédicacées sur place par les artistes. Seront présents : Edmond Baudoin, Nicolas de Crécy, Loustal, Hugues Micol, Loulou Picasso, David Prudhomme, Posy Simmonds, Grégoire Solotareff…
À la frontière entre BD et Arts Plastiques
Dans les années 90, une nouvelle génération d’auteurs de bande dessinée apparait, empruntant des voies nouvelles à la lisière entre la bande dessinée et les arts plastiques. Ces artistes, passés souvent par des études d’art classiques, sont pétris de littérature, de cinéma et de l’histoire de l’art dans son ensemble. Tous doués d’une grande virtuosité pour le dessin, leurs préoccupations artistiques sont proches de celles des plasticiens contemporains. En plus d’écrire des romans graphiques d’un nouveau genre et de tordre les codes traditionnels de la bande dessinée, ils dessinent pour leur seul plaisir. Des galeristes comme Christian Desbois et Anne Barrault ont joué un rôle prépondérant dans cette mutation, montrant sur leurs cimaises ces œuvres décorrélées de l’écriture. Dans leur sillage de nombreux artistes se sont mis à avoir une production graphique personnelle sans finalité éditoriale. Identifiés par défaut sous le terme de « nouvelle bande dessinée », ces artistes, initialement au nombre de 8 (Blain, Blutch, David B, Dupuy & Berberian, Guibert, Trondheim, Rabaté, Sfar), ne se sont jamais regroupés sous un nom, une bannière ou sous une définition forcément restrictive. Ils ont pourtant rapidement été reconnus des amateurs, édités par de nouvelles maisons d’édition alternatives telles que L’Association, Ego Comme X, Cornélius, Les Requins Marteaux… D’autres artistes ont par la suite été identifiés comme faisant partie de ce courant, tels que Stéphane Blanquet, Nicolas de Crécy, Lorenzo Mattotti, Killoffer, Eric Lambé, Hugues Micol, Loustal, Jochen Gerner… Leur nombre a grandi, s’est internationalisé et de nouveaux artistes, plus jeunes, ont rejoint le mouvement comme Yann Kebbi, Brecht Evens, Thomas Ott, Pierre La Police, Frédéric Poincelet, David Prudhomme, Winshluss…
En créant la maison d’édition MEL Publisher, Michel-Édouard Leclerc a souhaité fédérer et regrouper pour la première fois tous ces artistes afin qu’ils expriment leur créativité et leur passion du dessin par un médium que la plupart n’avaient jamais abordé, l’estampe. Tous se sont plongés avec passion dans ce nouveau médium permettant une autre diffusion de leur art et diversifiant leurs pratiques artistiques. Au regard de cette collection d’estampes, on prend conscience de l’effacement des frontières entre les arts, dévoilant au grand jour la force plastique et graphique de ces artistes.
Pour rappel
Estampe : Une estampe est une image obtenue par pression d’une feuille de papier sur une matrice encrée en relief (gravure sur bois, sur linoleum), en creux (sur plaque de métal) ou à plat (lithographie, sérigraphie).
Lithographie : Procédé d’impression à plat d’un dessin réalisé le plus souvent sur une pierre calcaire. Cette technique est fondée sur le principe de l’antagonisme entre l’eau et les corps gras.
À propos de MEL Publisher
Le label MEL Publisher a été créé il y a quatre ans par Michel-Édouard Leclerc. Cette maison d’édition a pour but de promouvoir et rendre accessible au plus grand nombre les oeuvres d’artistes contemporains que Michel-Édouard Leclerc aime et défend. MEL Publisher produit des éditions en estampes d’artistes contemporains majeurs reconnus sur la scène internationale. Dans une logique de décloisonnement des arts, MEL Publisher s’attache pour la première fois à regrouper des artistes venus de la bande dessinée et de l’art contemporain, et travaille en étroite collaboration avec les artistes et les imprimeurs pour créer les oeuvres les plus emblématiques et représentatives des différentes facettes des artistes.
Infos pratiques
Pulp Festival : La ferme du buisson – Scène nationale de Marne-La-Vallée – 6ème édition du 5 au 7 avril 2019
Exposition Empreintes graphiques : Vendredi 5 avril de 19h à 23h30 / samedi 6 avril de 13h à 22h / dimanche 7 avril de 12h à 20h et jusqu’au 28 avril, les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 19h30.
Stéphane Girardot d’après communiqué
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