Titre : Empire Falls Building
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur – Coloriste : Tommy Redolfi
Éditeur : Soleil
Collection : Noctambule
Parution : Décembre 2021
Prix : 24,90€
A peine distingué en tant que lauréat d’un grand concours d’architecture, Edgard Whitman se voit proposer un projet fou : achever l’Empire Falls Building. Ce grand immeuble new-yorkais financé par le richissime homme d’affaires Kosmo Vassilian a vu défiler avant lui les plus grands spécialistes, qui ont tous apporté leur touche personnelle à la construction. Mais son propriétaire souhaite enfin voir la touche finale, celle qui en fera en œuvre éblouissante capable de rayonner sur le monde. Anxieux mais enthousiaste, Edgard se lance sans trop réfléchir et découvre peu à peu les recoins les plus secrets. En tachant d’en apprendre plus sur le commanditaire, il se rapproche peu à peu de sa femme, la fragile Silma…
« C’est ça que vous voyez en moi?! Un égocentrique obnubilé par son image et sa puissance? Je vaux mieux que ça! Mon hôtel vaut mieux que ça! Et vous aussi, vous valez mieux que ça! »
Ce serait peu dire que de qualifier cet album d’inclassable. Car, si certains éléments du récit imaginé par Jean-Christophe Deveney laissent entrevoir une habile et intrigante introspection sur l’art et la création, d’autres sont bien plus abscons et jouent davantage avec les sensations qu’avec la réflexion. De prime abord, avec son format plus étroit et allongé que la moyenne, cette bande dessinée joue avec la verticalité, comme si le livre lui-même était ce fameux gratte-ciel inachevé aux rouages surprenants. Avec ses quelques pages de calque qui permettent de projeter sur les planches les projets du héros – un formidable ajout qui complète la qualité de l’objet – on entre ainsi dans la psyché d’Edgard, dépassé par l’ampleur de la tâche mais désireux d’y parvenir quoi qu’il en coûte. Si tout n’est pas facilement assimilable et que la fin peut dérouter, le travail de Tommy Redolfi appuie une ambiance parfois malaisante, aussi bien par le choix des couleurs que l’aspect de certains personnages qui, telles des marionnettes aux yeux vides, donne dans certaines scènes l’impression d’assister à un spectacle de théâtre que le huis-clos renforce.
Un album surprenant, déroutant, indéchiffrable…
Arnaud Gueury
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