
© 2020 Editions Delcourt
Titre : Effet miroir
Scénariste : Makyo
Dessinateur – Coloriste : Laval Ng
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
Parution : Août 2020
Prix : 18,95€
Pour couper avec le quotidien quand son boulot l’accapare de façon trop pressante et que des cauchemars récurrents hantent ses nuits, des soucis qui ont mis son couple en péril, Louis va courir seul dans la forêt. Loin de tout, la musique dans les oreilles, il se jette à corps perdu dans cette activité. Mais un jour un motard le poursuit et ne semble pas vouloir le lâcher. Le jeune homme comprend vite qu’il n’est pas face à un cinglé ordinaire qui veut le déranger, mais qu’il y a quelque chose de plus profond dans ce harcèlement. Au beau milieu de la nature, sans vraiment savoir où il se trouve précisément, Louis va voir les heures défiler dans ce long cache-cache avec son ennemi inconnu…
« Je savais que tu attendrais la tombée de la nuit pour sortir de la cabane… mais ce n’est pas une bonne idée. Dans le noir, on est encore plus proches, toi et moi… »
Quel dommage que le résumé en quatrième de couverture – et le titre aussi un peu – en dévoilent bien trop sur le mystère qui est au cœur de cet album. Car on en vient alors à deviner bien trop vite qui est le mystérieux motard qui poursuit inlassablement le héros, la découverte de son identité et de son visage tombant à plat alors que l’effet devrait être redoutable. C’est d’autant plus regrettable qu’hormis cette révélation, le scénario est mince et uniquement prétexte à une longue et haletante course-poursuite façon Duel. Makyo n’a en même temps pas besoin d’élaborer une intrigue alambiquée puisque l’idée de départ doit surtout donner libre champ à son comparse, ce que Laval Ng (Alter) réussit admirablement. Par ce biais, l’exercice de style consistant à faire durer le plaisir de l’affrontement dans une nature coupée du reste du monde, qui n’est pas évident, est un défi relevé haut la main. Le dessin est ainsi formidable dans son énergie, son rythme, son découpage. Les 86 pages tiennent en haleine sur la simple puissance du graphisme puisque les dialogues sont réduits au minimum. Très fort dans sa créativité graphique, Laval Ng l’amplifie par une colorisation inspirée qui joue pour beaucoup dans la réussite de ce one shot.
A condition de ne pas se faire spolier par le résumé de l’éditeur, un sacré moment de lecture visuellement impressionnant.
Arnaud Gueury
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