Titre : Edgar P. Jacobs – Le Rêveur d’apocalypses
Scénariste : François Rivière
Dessinateur : Philippe Wurm
Coloriste : Benoît Bekaert
Éditeur : Glénat
Parution : Décembre 2021
Prix : 22,50€
Si Blake et Mortimer sont des héros familiers des lecteurs de BD franco-belge, connaissez-vous leur créateur, Edgar P. Jacobs ? Les passionnés de son œuvre ont déjà pu se régaler de plusieurs biographies le concernant, et même d’une autobiographie baptisée Un opéra de papier, parue pour la première fois en 1981. François Rivière et Philippe Wurm franchissent ici un nouveau cap : un album dans le style de Jacobs, racontant sa vie, entre anecdotes authentiques et passages imaginés. L’occasion de découvrir un homme passionné et passionnant, ses inspirations, ses relations professionnelles (pour certaines bien connues, comme Hergé), ses débuts dans le métier parallèlement à sa carrière dans l’art lyrique, jusqu’à la consécration. Entrez dans le rêve avec eux…
Il aura fallu sept années au duo pour mener à bien cet ambitieux projet. Le scénariste François Rivière est un passionné de Jacobs, auteur de plusieurs publications à son sujet ; quant au dessinateur Philippe Wurm, il avait déjà amorcé sa conversion au style du maître en dessinant Les Rochester et surtout Lady Elza, s’en rapprochant d’album en album au point de vouloir se lancer dans une biographie dessinée de l’auteur. Ce projet de longue haleine arrive enfin à maturité, et le résultat valait l’attente. Sans tomber dans l’apologie à tout-va, le duo nous présente un artiste tourmenté (le titre est, de ce point de vue, révélateur), du baryton au dessinateur accompli. Il est présenté sous un jour résolument humain et attachant, avec ses aventures sentimentales, ses doutes, mais aussi ses fulgurances de créateur nous dévoilant de nombreux détails sur la conception de ses différents albums. Son histoire se découvre avec douceur, sans curiosité malsaine, par épisodes qui survolent les principaux moments de sa vie. Le graphisme est pour beaucoup dans cette douceur. Philippe Wurm livre certainement ici l’une de ses prestations les plus abouties, tant dans l’encrage que dans la composition. Si l’édition classique permet d’apprécier la mise en couleur de l’excellent Benoît Bekaert, l’édition de luxe en noir et blanc est un complément idéal pour goûter toute la documentation réunie par le dessinateur et approfondir la découverte. On s’aperçoit notamment que, comme le maître avait pris l’habitude de le faire, Philippe Wurm s’est mis en scène ou a sollicité ses proches pour travailler d’après photos certaines scènes de l’histoire ! Mais ce n’est qu’un détail parmi d’autres qui témoignent d’une implication de tous les instants et d’une minutie à toute épreuve.
Une biographie dessinée remarquablement construite.
Nicolas Raduget
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