Titre : Tueur de savants
Scénariste : Noël Simsolo
Dessinateur – Coloriste : Frédéric Bézian
Éditeur : Glénat
Parution : Janvier 2014
Prix : 19,50€
1920. Le train qui rallie Paris à Berlin est le théâtre d’un meurtre au curare perpétré sur la personne d’un savant reconnu : Gontran Saint-Clair. Il est la troisième personnalité du monde scientifique que l’on retrouve morte dans d’étranges conditions après Bruno Vaillant et Aristide Vernon. Peu de temps après, c’est Emile Lenoir qui meurt en plein Paris, chez Maxim’s, d’une piqûre de scorpion. Ferdinand Straub, l’as de l’aviation française reconverti en détective, décide de mener l’enquête et découvre que toutes ces personnes effectuaient des recherches sur la conquête de l’espace. Il ne lui faudra que peu de temps pour comprendre que le principal suspect est un certain Docteur Radar. Un individu fort dangereux qui est maître dans l’art du déguisement. Ne pouvant compter que sur l’incompétence de la police, Ferdinand Straub aura fort à faire afin de débusquer le responsable de ces meurtres.
Noël Simsolo et Frédéric Bézian se retrouvent dix années après Ne touchez à rien, leur première collaboration, et nous embarquent dans un polar feuilletonesque et rocambolesque prenant place dans la première partie du XXème siècle. Pour cela, Noël Simsolo s’est appuyé sur un feuilleton radiophonique, qu’il avait réalisé pour France Culture, au nom prédestiné de Docteur Radar, une aventure de Ferdinand Straub. L’auteur a ainsi fait naître une histoire à la narration simple mais très efficace où son sens de la mise en scène cinématographique et du rebondissement rend un hommage très marqué à des personnages tels que Fantômas ou le Docteur Mabuse. Un récit où Frédéric Bézian a laissé libre cours à sa création. Le dessinateur met en images l’aventure dans un Paris complètement fantasmé où se mélangent les styles et les références aux années 20 au gré de ses sensations. Le choix de faire se dérouler l’action principalement la nuit lui incombe. Une manière de rajouter du suspense et de s’accorder encore un peu plus de liberté. Son dessin, vif et acéré, est plus dynamique que jamais et dégage une énergie incroyable. Ce rendu est également dû au traitement monochromique de la mise en couleur utilisé par l’auteur, qui fait son office et retranscrit parfaitement les différentes ambiances. Le plaisir de Frédéric Bézian à réaliser cet album se ressent réellement tout au long de la lecture. Au final, le Docteur Radar échappe à Ferdinand Straub. Cela voudrait-il dire que la chasse au vilain n’est pas finie ? Quoi qu’il en soit, ce sera avec plaisir que nous lirons la suite.
Un album graphiquement très réussi qui vous donnera également beaucoup de plaisir à la lecture.
Stéphane Girardot
Il faut beaucoup de talent pour faire revivre des histoires à l’ancienne sans plonger dans les clichés ou la copie sans âme. Preuve donc que les auteurs en ont, car cet album est une magistrale relecture des feuilletons du début du XXème siècle. Certes l’énigmatique Docteur Radar n’est rien moins que Fantômas, ou du moins il en a toutes les caractéristiques, hormis l’éternel doute sur son identité. Mais sa cruauté, sa mégalomanie et sa détermination n’ont d’égales que celles du Roi du Crime. Pour autant, Noël Simsolo ne s’arrête pas à ce modèle, et Frédéric Bézian amène un graphisme expressionniste qui lorgne vers le cinéma d’avant-guerre. Son trait en noir et blanc, disponible dans une version limitée, est impressionnant, mais son usage atypique des couleurs ne le gâche en rien, bien au contraire. Ses cases en monochromie, voire en bichromie, sont saisissantes et d’une énergie rare. Ce style vif, torturé, est pour beaucoup dans le succès de ce titre dont la fin, on ne peut plus ouverte, laisse espérer un retour de ce charismatique criminel.
Une réussite majeure pour ce one-shot rétro.
Arnaud Gueury
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