Titre : Un océan de souffrance
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Bones
Éditeur : Sandawe
Parution : Janvier 2019
Prix : 16,50€
Avril 1919, l’armistice a été signée depuis plusieurs mois mais pour Gaspard Petit la guerre n’a jamais vraiment fini. Resté comme soldat dans les tranchées en 1916 après les mésaventures du premier tome, les horreurs de la guerre ne l’ont pas épargné et Gaspard tente d’apaiser ses cauchemars en se réfugiant dans des paradis artificiels. Il faut bien avouer qu’entre les horribles mutations provoquées par les rejetons de l’entité affrontée 3 ans auparavant et la dure réalité de la boucherie -humaine celle-ci- de la guerre des tranchées, il y a de quoi rester perturbé. C’est donc en ce printemps 1919 qu’un sous-marin allemand s’échoue sur la plage d’Hastings en Angleterre. Ce fait peu banal mais malgré tout pas si extraordinaire serait passé inaperçu si les membres d’équipage rescapés n’avaient pas évoqué les mutations étranges de leurs défunts camarades. De plus, depuis l’arrivée de ce sous-marin les habitants de la bourgade anglaise se muent la nuit en d’étranges créatures marines… Tout cela semble fort rappeler les événements tragiques de la colline de Vauquois. Bernhard, alias « Bär », l’ours allemand des tranchées s’en va sortir Gaspard de ses torpeurs stupéfiantes pour tirer au clair cette histoire et vérifier s’il s’agit du retour de l’entité qui vivait « Dessous »…
« Gaspard, vous êtes la seule personne encore en vie à pouvoir me dire si nous avons affaire à la même…hm, ungeziefer, que celle que nous gardions dans le laboratoire de Vauquois. »
Après un premier tome qui pouvait se suffire à lui-même (au cas où le succès n’ait pas été au rendez-vous), Fred « Bones » Bonnelais s’est fort heureusement attelé à sa suite et nous gratifie ici d’un second tome encore meilleur que le premier, tant scénaristiquement que graphiquement. Toujours fortement inspiré par les univers de H.P. Lovecraft et de Mike Mignola, voire même un peu par le style capillaire des personnages de Carlos Meglia, Bones commence progressivement à trouver son style et s’éloigne peu à peu de ses modèles. Le rythme du scénario est mieux géré que dans le premier tome et la mise en couleur est véritablement magnifique, en réelle progression également. On pardonnera aisément les petites incohérences (d’où peut bien venir un 31 avril ?) compte tenu de la qualité de l’ensemble. L’histoire trouvera sa conclusion dans le troisième tome toujours en cours de financement sur Sandawe et s’oriente visiblement vers une uchronie particulièrement réussie. Après les sous-sols dans le premier tome et désormais les profondeurs sous-marines dans ce second tome, le prochain tome nommé Un regard vers les étoiles devrait donc nous permettre d’explorer un troisième élément : l’air. Il est vraiment regrettable au vu de cette évolution du travail de l’auteur que l’album ne soit pas le moins du monde mis en avant. La faute sans doute au manque de moyens de Sandawe et à une certaine réticence des revendeurs envers l’édition participative.
Une série historico-horrifique à découvrir et à faire découvrir, qui plaira à tous les amateurs du style de Mike Mignola et qui ravira à coup sûr les fans du mythe du Cthulhu.
Christophe Van Houtte
Réagissez !
Pas de réponses à “Dessous #2”