Titre : Le Dernier livre
Scénariste : François Durpaire
Dessinateur : Brice Bingono
Coloriste : Scarlett
Éditeur : Glénat
Parution : Novembre 2021
Prix : 16,50€
2032. Le patron d’un des géants du numérique accède à la Maison Blanche grâce à ses accès aux données personnelles et à un contexte de pandémie mondiale légitimant les privations de libertés. En très peu de temps, la culture et l’éducation passent aux mains des GAFAM qui ferment progressivement écoles, librairies et bibliothèques au profit de données numériques transmises par les masques connectés. Numérisation qui permet de supprimer définitivement certains ouvrages jugés dangereux tandis que papier, livres et crayons sont détruits. Dans ce monde digitalisé, aseptisé et contrôlé, une résistance se met toutefois en place…
« Regardez cet objet, ça s’appelle un livre. Il n’y a pas besoin d’énergie pour le faire fonctionner… Chaque livre contient des milliers d’informations. Pour y avoir accès, il suffit de tourner les pages avec ses doigts. »
Si on ne doute pas un instant de la bonne volonté de François Durpaire (La Présidente) et du message d’avertissement qu’il souhaite transmettre avec cet album, sa manière de le faire est d’une telle maladresse que son efficacité est bien réduite. Au-delà d’une certaine naïveté étonnante dans son propos, il fait un grand écart qui commence par une terrible dystopie appuyant sur le pouvoir des GAFAM et l’utilisation de la pandémie à des fins politiques – un discours presque complotiste qui peut être dérangeant – pour finir dans la plus guimauve des utopies avec ses enfants qui sauvent le monde et sont l’avenir de la société. Entre ces deux parties, c’est une longue, très longue, histoire de l’écriture et du livre qui est relatée de manière documentaire. En plus d’être froide, cette partie casse le rythme du récit et n’apprend pas grand chose. Le scénariste aurait gagné à se concentrer sur l’anticipation, autour de personnages se battant pour sauver les livres et l’éducation, quitte à offrir un cahier explicatif à la fin. Cela aurait aussi permis de tenir la promesse d’une couverture superbe et de premières pages intéressantes qui laissait entrevoir un projet qui n’est pas la version finale. Dommage également pour l’excellent Brice Bingono qui, malgré la qualité de son travail, ne peut colmater les nombreuses brèches de l’histoire et lui donner une forme construite.
Un album mal foutu, rébarbatif par moments, malgré ses bonnes intentions et son graphisme de qualité.
Arnaud Gueury
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