© 2021 Urban Comics

Titre : Tome 1
Scénariste : Phillip Kennedy Johnson
Dessinateur : Riccardo Federici
Coloristes : Sunny Gho & Dean White
Couverture : Kai Carpenter
Éditeur : Urban Comics
Collection : DC Black Label
Parution : Mars 2021
Prix : 17€

Voilà déjà trente ans que le peuple de Tyrgolad célèbre la victoire de son roi Tyr et de ses compagnons sur le dernier des dieux, venu du vide au-delà de l’escalier noir qui protège l’accès à Cain Anuun. Le Traquedieu qui sauva son futur royaume est l’objet d’une vénération absolue, entretenue par la légende de son exploit. Pourtant les zones d’ombre persistent sur cette victoire contre le mal et la pestefleur, mais certains, comme l’esclave Eyvindr, gardant une confiance totale envers leur souverain. Pourtant, le passé resté enfoui va brutalement resurgir et ramener la malédiction sur la capitale. La reine Cyanthe et le roi-passeur Veikko vont devoir affronter leurs mensonges face au retour du dieu du vide…

« Tyr n’a jamais buté le moindre dieu. L’escalier noir n’est qu’une histoire pour nous amadouer, comme les contes pour enfants.
– Mon vieux, je t’adore, tu le sais. Mais si je t’entends à nouveau médire du roi Tyr ou de la reine Cyanthe, je te ferai chier tes propres dents. »

Plutôt simple dans son fond et sa forme, ce retour à la fantasy traditionnelle est parfaitement menée par Phillip Kennedy Johnson. Le scénariste américain emploie ainsi tous les ressorts du genre à travers cette intrigue racontée alternativement au passé et au présent. Le retour du mal est ainsi mis en parallèle à la première aventure vécue par les héros trente ans plus tôt, mettant en avant leurs mensonges, leurs trahisons et cassant tout net le mythe que le peuple a entretenu au fil du temps. Cette narration approfondit l’histoire et les personnages, moins convenus qu’au premier abord malgré des aspects classiques (le puissant guerrier, l’assassin, la magicienne, etc.). Complété entre chaque chapitre par des chants ou des textes développant l’univers, ce premier tome ravira sans aucun doute les amateurs de ce type d’aventure à l’ancienne, que Riccardo Federici anime d’un souffle plus moderne mais tout aussi épique. Précis et dynamique, très appuyé dans l’expressivité des protagonistes sans renoncer à des décors soignés, le trait de l’artiste italien est superbe et enivrant. De nombreux plans sont une merveille de composition que le grand format de cette édition, désireuse de concurrencer les productions européennes, met particulièrement en valeur.

Une aventure de fantasy à la fois classique et enthousiasmante qui entraine le lecteur dans un tourbillon d’action.

Arnaud Gueury